Là où le renne est le Maître
En Sibérie nord-orientale, les conditions de vie sont extrêmement difficiles, principalement en raison du grand froid, des vents violents, et de l’inondation des sols lors du dégel. Des populations parviennent pourtant à y vivre grâce à l’élevage du renne et, dans une moindre mesure, à sa chasse.
Joëlle Robert-Lamblin [1]Chercheur au laboratoire CNRS Dynamique de l’Evolution humaine: Individus, Populations, Espèces (UPR-CNRS 2147, Paris) et au Centre d’études Préhistoire, Antiquité, Moyen-Age (CEPAM, Valbonne), J. Robert-Lamblin étudie les populations autochtones de l’Arctique dont les modes de vie traditionnels s’occidentalisent et sont menacés (Programme « Adaptation biologique et culturelle : le système renne », recherches menées sur les communautés indigènes de Sibérie dont l’ensemble des traditions est fondé sur l’omniprésence du renne et sur son exploitation).
Vous trouverez ici des informations sur les travaux de J. Robert-Lamblin, ainsi que des vidéos et des podcasts réalisés par l’auteur., anthropologue au CNRS, s’intéresse à ces communautés au mode de vie traditionnel où le renne est omniprésent, afin d’évaluer l’influence du mode de subsistance et de l’environnement sur leur culture.
Dans les sociétés qui l’élèvent et le chassent, le renne conditionne au quotidien la manière de vivre de ces peuples. Il leur sert à se nourrir (chair, sang, graisse, moelle des os, yeux, …), s’abriter et se vêtir (peaux, fourrures, tendons), fabriquer des outils (ramure), ou bien encore à se déplacer (attelage et monture). Nomades, ils se déplacent au rythme des transhumances, leurs habitations sont légères et démontables.
Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant à ce que le renne occupe une place fondamentale dans les croyances et les rites de ces communautés.
D’ailleurs, l’interdépendance entre l’homme et l’animal se poursuit jusque dans l’au-delà. Par exemple, chez les Youkaghirs, peuple du nord-est de la Sibérie, les deux rennes préférés du défunt sont sacrifiés. Les bois, sabots, os et harnachements, ainsi qu’une reproduction miniature du traîneau du disparu sont déposés auprès du corps et sur la tombe.
On pourrait en déduire que tous les peuples vivant dans une telle osmose avec le renne ont un mode de vie similaire. Or, ce n’est pas tout à fait le cas et, sur ce point, Joëlle Robert-Lamblin incite à la prudence.
Selon elle, le contexte sibérien conduit à réexaminer l’hypothèse d’un déterminisme prépondérant du mode de subsistance et de l’environnement sur la culture, cette région présentant une multiplicité de modèles culturels.
Occidentalisation des modes de vie et réchauffement climatique menacent cette mosaïque de peuples et de cultures ayant su s’adapter et vivre en harmonie depuis des millénaires dans ces contrées fragiles et hostiles. En effet, parmi les dix neuf ethnies recensées dans le nord de la Russie, aucune ne compte plus de 50~000 personnes, et certaines ne sont représentées que par quelques centaines d’individus. Pour plus d’information, voir l’article sur le site de l’Institut polaire français IPEV : Les « Petits Peuples du Nord de la Russie » Crédit : Hugo Ahlenius, UNEP/GRID-Arendal Source : UNEP/GRID-Arendal |
Notes de bas de page
↑1 | Chercheur au laboratoire CNRS Dynamique de l’Evolution humaine: Individus, Populations, Espèces (UPR-CNRS 2147, Paris) et au Centre d’études Préhistoire, Antiquité, Moyen-Age (CEPAM, Valbonne), J. Robert-Lamblin étudie les populations autochtones de l’Arctique dont les modes de vie traditionnels s’occidentalisent et sont menacés (Programme « Adaptation biologique et culturelle : le système renne », recherches menées sur les communautés indigènes de Sibérie dont l’ensemble des traditions est fondé sur l’omniprésence du renne et sur son exploitation).
Vous trouverez ici des informations sur les travaux de J. Robert-Lamblin, ainsi que des vidéos et des podcasts réalisés par l’auteur. |
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