En Finlande, l’hiver, saison la plus longue de l’année, peut durer de 100 à 200 jours, et la température moyenne y reste constamment en dessous de 0~°C.

C’est dans ce contexte que, dans les années 1920, époque où la mortalité infantile était particulièrement importante, le pédiatre Arvo Ylppö a commencé à diffuser, à l’intention des mères de nourrisson, tout un ensemble de recommandations. Parmi celles-ci, celle de faire dormir leur bébé, pour la sieste, en plein air. La pratique s’est vite répandue. Les raisons invoquées étaient variables. Notamment, il y avait celles de la mauvaise qualité de l’air à l’intérieur de la maison, de la prévention du rachitisme, de la protection contre les maladies par la « vivification du sang ». L’air froid était censé stimuler la circulation sanguine, et ainsi renforcer l’immunité contre les bactéries. Le visage des nourrissons pouvait être exposé au vent, à l’air frais et à la lumière du soleil sans danger, à condition de s’y prendre suffisamment tôt (dès quelques semaines après la naissance).

« Street Art » à Tampere, Finlande
Photo : katutaide
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Récemment, des chercheurs ont enquêté sur son extension actuelle dans le nord de la Finlande, et recueilli les opinions des parents sur les effets bénéfiques ou nocifs de cette pratique très répandue. Par exemple, dans la ville de Oulu, 95% des parents sortent leur bébé en hiver pour la sieste.

Les conseils reçus par les parents viennent de différentes sources, au premier rang desquelles les grands-parents, puis les amis et les professionnels de santé. Presque tous ont déclaré en être satisfaits. Seuls 3% se sont vu conseiller de ne pas laisser leurs bébés dormir à l’extérieur en hiver. Les familles qui ne sortaient pas leur enfant pour la sieste pensaient que cela ne servait à rien. Fumer sur le balcon d’à côté pouvait également en dissuader certains.

L’enfant qui dormait était régulièrement surveillé par l’un des parents. Dans le groupe qui n’utilisait pas d’interphone pour enfant, le parent sortait environ toutes les quinze minutes pour l’observer (57%). Dans le groupe qui utilisait ce dispositif, la fréquence était d’une fois toutes les demi-heures.
Les parents étaient attentifs au bien-être de leur enfant par l’observation minutieuse de divers facteurs (respiration, babil, mouvements, habillement…).
La température la plus propice pour laisser dormir l’enfant en plein air était évaluée autour de -6~°C. De nombreux parents ont déclaré qu’ils sortaient leur enfant jusqu’à -15~°C, et chez d’autres, moins nombreux, jusqu’à -25~°C.
Le vent et sa direction, la pluie, la lumière du soleil, les changements climatiques globaux étaient attentivement notés. La tranquillité des alentours immédiats comprenait également la sécurité de l’environnement de plein air : les parents contrôlaient ainsi le niveau sonore, les mouvements des passants et les activités des chats, oiseaux et écureuils…

Presque tous les parents (95%) considéraient que cette pratique n’avait que des avantages : ils trouvaient l’enfant plus actif, jugeaient qu’il prenait manifestement plaisir à dormir dehors, que ses siestes y étaient plus longues qu’à l’intérieur, et qu’il se nourrissait mieux.

Cette étude montre ainsi qu’en Finlande, cette pratique de sieste en plein air l’hiver pour les nourrissons, de peu répandue au début du XX^e siècle, est devenue commune et culturellement enracinée, sans pour autant que les membres de la communauté soient en mesure d’en fournir une justification rationnelle. Peut-être que simplement un de ses principaux mérites tient au fait que les parents, en pareille circonstance, s’occupent plus de leur bébé !