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ISSN : 2755-3755

Les accidents corporels des enfants et des adolescents de Terre-Neuve-et-Labrador

Publié le 09.07.2010
Les accidents corporels affectent davantage les membres les plus marginalisés d'une société, comme, au Canada, les peuples autochtones.

Une étude menée d’avril 1995 à mars 2001 a comparé la morbidité – exprimée par les taux d’hospitalisation – et la mortalité dues aux accidents corporels des enfants et adolescents des communautés indigènes (innu, inuites, métis) et non indigènes (d’origine européenne) de la province de Terre-Neuve-et-Labrador (Canada).

La morbidité était pratiquement deux fois plus élevée pour les communautés autochtones, pour toutes les catégories d’âge. La différence entre sexes (plus d’accidents du côté des hommes) n’y était vraiment significative que pour les Inuits (tous âges confondus) et pour le groupe d’âge 10-14 ans (toutes communautés indigènes confondues). En revanche, dans les groupes non indigènes, cette différence entre sexes se retrouvait pour tous les groupes d’âge.

Monument inuit (Inukshuk) à la mémoire de la victime d'un accident de bateau

Monument inuit (Inukshuk) à la mémoire de la victime d’un accident de bateau
Crédit photo: Dibytes
Certains droits réservés : Licence Creative Commons

Un premier point à souligner est que la plupart des communautés autochtones sont isolées et dépourvues de centres locaux de santé. De plus, elles vivent souvent dans des lieux difficiles d’accès. Ainsi, à la moindre blessure nécessitant des soins médicaux, le patient indigène est amené par avion à l’hôpital le plus proche, là où un patient vivant en zone urbaine est soigné à domicile et donc pas forcément compté comme accidenté.

Un autre résultat important est le fait que le taux de blessure était plus élevé pour les enfants des communautés innues que pour les communautés inuites et métis réunies. Tous les groupes indigènes ne seraient donc pas affectés au même degré par ces accidents.

Les trois causes majeures d’hospitalisation pour accident corporel pour les deux groupes étaient les chutes, les accidents liés aux transports et les chocs mécaniques. Celles pour lesquelles la différence était la plus marquée entre communautés étaient les brûlures, avec un taux six fois plus élevé chez les indigènes, ainsi que les intoxications.

La différence du profil de mortalité par accident était plus marquée. Alors que les brûlures étaient les causes principales de décès chez les autochtones, chez les non autochtones, c’étaient les accidents de la circulation.

Au milieu des années 1990, le taux de mortalité par blessure touchant les nourrissons indigènes était presque quatre fois plus élevé que celui du reste de la population, plus de cinq fois supérieur pour les enfants d’âge préscolaire et plus du triple pour les adolescents entre 15 et 19 ans. La présente étude montre que les taux de décès par brûlure ont globalement diminué de 44% pour les enfants et les adolescents, mais qu’ils ont augmenté pour les nourrissons.

Bien qu’il y ait eu une réduction notable, en dix ans, des blessures accidentelles parmi les peuples autochtones du Canada, leur proportion, comparée aux communautés non indigènes, reste élevée.

Parmi les explications avancées à ce phénomène, le changement rapide du mode de vie serait un des facteurs majeurs, dont l’étendue n’est pas pleinement comprise. D’autres explications possibles sont l’isolement des communautés, l’environnement physique, le manque de routes rendant nécessaires les déplacements par scooter des neiges ou véhicule tout terrain, des logements bondés et insalubres, des conditions sociales précaires, la limitation de l’accès aux services de santé.

Les résultats obtenus dans cette étude peuvent ainsi être un point de départ pour des recherches ultérieures sur les facteurs de risque et les causes de blessures accidentelles, afin d’organiser une prévention efficace au niveau communautaire.

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