Prévalence des caries chez les enfants inuits du Nunavut
Des études scientifiques réalisées au début du XXe siècle (de 1923 à 1940) avaient montré que les caries étaient alors rares chez les « Esquimaux » habitant l’Alaska. Depuis, l’alimentation traditionnelle a été largement abandonnée au profit de l’alimentation « moderne ». Cette nouvelle enquête, effectuée en 2007 et 2008, montre l’impact de ce changement sur la santé bucco-dentaire.
Ainsi, les parents de 388 enfants âgés de 3 à 5 ans appartenant à 16 communautés inuits du Nunavut ont été invités à remplir un questionnaire. Ils devaient préciser le nombre de dents cariées, arrachées ou obturées de leurs enfants, ainsi que la prise éventuelle de vitamine D, de fluor et de calcium. Des informations concernant les types d’aliments les plus fréquemment consommés par l’enfant étaient également demandées.
Les résultats sont éloquents : la prévalence d’enfants présentant des dents « à problèmes » a été de 69,1%. A titre de comparaison, une enquête réalisée aux Etats-Unis de 1999 à 2004, appelée NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey), montre que « seulement » 27,9% des enfants de 2 à 5 ans ont des dents de lait cariées, toutes ethnies confondues.
Chez les Inuits, les dents cariées sont associées sans surprise à une consommation élevée de sodas et d’aliments sucrés. A l’inverse, l’ingestion régulière de produits laitiers aurait un effet protecteur. Peu nombreux sont les enfants qui prennent régulièrement un complément de fluor et de vitamine D (respectivement 4,6 et 4,9%). Ils ne sont par ailleurs que 16% à recevoir une supplémentation en multivitamines et en multiminéraux associant de la vitamine D et du calcium. Dans tous les groupes supplémentés, la prévalence de caries est moindre.
Cette enquête met en évidence la nécessité de promouvoir la santé bucco-dentaire chez les communautés inuits du Nunavut, par la mise en place d’une éducation nutritionnelle qui insiste notamment sur l’effet délétère des boissons acides et sucrées.