Réapparition de la rage au Svalbard
Le 12 septembre 2011, une femme a été attaquée par un renard polaire à Longyearbyen, une ville d’environ 2~000 habitants située dans l’archipel du Svalbard en Arctique. Ce renard s’est révélé atteint de la rage. Dans les jours qui ont suivi, entre le 16 septembre et le 5 octobre, huit rennes et un autre renard ont été testés positifs pour le virus de la rage.
La rage est considérée comme endémique en Arctique, avec des épidémies rapportées au Canada, en Russie et au Groenland. Au Svalbard, entre les années 1980 et 1999, 25 animaux (22 renards et trois rennes) avaient été diagnostiqués porteurs du virus. Ensuite aucun autre cas n’a été rapporté jusqu’en 2011. Or tout animal présentant un comportement anormal ou trouvé mort sans cause connue est systématiquement autopsié et testé. En particulier, tout renard trouvé mort relève de cette pratique.
C’est pourquoi les professionnels de la santé se sont interrogés sur les raisons de la persistance du virus dans l’archipel où la population de renards, considérés comme le principal réservoir du virus, est de faible densité. De plus, le reste de la Norvège, dont la côte la plus proche est à plus de 800 km, ainsi que la Finlande et la Suède sont des pays déclarés comme indemnes de rage. Parmi les explications figurent des périodes d’incubation longues et la persistance du pouvoir infectieux du virus présent sur les carcasses gelées : le virus de la rage résiste mal à la dessiccation, à la lumière solaire et à la chaleur, mais il survit très bien aux basses températures et à la congélation.
L’épidémie du Svalbard est survenue pendant la saison de la chasse aux rennes, qui a lieu du 15 août au 20 septembre. Entre 200 et 300 chasseurs y participent, dont des enfants. Or il est obligatoire d’envoyer la mandibule inférieure de chaque animal tué au Gouverneur du Svalbard, dans un but de surveillance de la population de rennes. Cette procédure peut exposer les chasseurs à la salive, à la cavité buccale et à la moelle épinière du renne contaminé, lors de la découpe de la tête.
C’est pourquoi les autorités sanitaires ont dû déployer une large campagne de vaccination prophylactique. A la date du 28 septembre 2011, 280 personnes avaient été vaccinées. Aucun cas humain de rage n’a été observé.