Recherches Arctiques

Actualités de la recherche scientifique
ISSN : 2755-3755

Séjour en milieu polaire : des analogies avec les missions spatiales ?

Publié le 06.03.2012
En comparant les données issues de la recherche en psychologie polaire à celles des chambres de simulation et aux comptes-rendus de missions spatiales, on s'aperçoit d'un certain nombre de similitudes.

Le travail de synthèse présenté ici – ponctué par le témoignage de l’un des auteurs, qui a participé à deux expéditions au pôle Nord, en 2005 et 2006 – fait le point sur la psychologie polaire, comprise comme l’étude des différents problèmes auxquels sont susceptibles d’être confrontés des personnels (non indigènes) participant à des expéditions ou travaillant dans une base, en Arctique ou en Antarctique.

Outre leur intérêt intrinsèque, ces études ont un champ d’application plus vaste : la performance humaine en milieu polaire, comprenant entre autres, les phénomènes psychologiques, relations interpersonnelles ou le rendement au travail. Ces différents paramètres, considérés comme semblables à ceux susceptibles de survenir lors d’une mission spatiale, en permettraient une approche à moindre coût.

Chercheur se débattant avec une snowmobile en Arctique

Chercheur se débattant avec une snowmobile en Arctique
Crédit photo : avec l’aimable autorisation d’Andrew Slater, NSIDC
Source : National Snow and Ice Data Center

En premier lieu, les environnements polaires et spatiaux constituent tous deux des milieux extrêmes, mettant l’organisme à rude épreuve et présentant de nombreux dangers, sources importantes de stress auxquelles il s’agit de s’adapter. Dans un cas comme dans l’autre, la mission est précédée d’un processus de sélection des participants et d’une phase de préparation approfondie.

En outre, les missions spatiales participent à la fois des deux grands types de situations étudiées par la psychologie polaire : ce sont des expéditions lors desquelles, comme dans une base polaire, les membres de l’équipe restent confinés dans un petit espace, isolés du reste du monde, sur une longue période.

L’information recueillie lors de l’analyse du fonctionnement de groupes de travail en milieu polaire, fournirait ainsi l’occasion d’analyser en profondeur la combinaison de variables de personnalité et de styles de leadership, ainsi que l’impact d’un milieu extrême sur le rendement du travail, les relations au sein du groupe et sa cohésion.

Des données issues des études de psychologie polaire peuvent ainsi fournir d’importants enseignements, comme celles issues, par exemple, de l’analyse de l’effet de la taille et de la composition de l’équipe sur la qualité des relations interpersonnelles, susceptibles de constituer la source de stress la plus importante.
Dans un cas comme dans l’autre, en effet, le climat social au sein du groupe, étant donné la forte interdépendance de ses membres, est une question cruciale.

Trois variables ont été plus particulièrement étudiées :
– les questions de leadership (qui va prendre les décisions ?) sont centrales, à la fois pour maintenir la direction sur l’objectif de la mission, et la cohésion du groupe ;
– la question du genre : les groupes unisexués fonctionneraient différemment des groupes mixtes, sur le plan de la division du travail, de la gestion des tensions interpersonnelles…
– les explorations planétaires, de même que les missions ou expéditions polaires, sont de plus en plus internationales. Les facteurs culturels entrent ainsi en interaction avec les deux points précédents. Ils jouent donc un rôle non négligeable dans les relations entre hommes et femmes en milieux isolés et confinés.

Les recherches en psychologie polaire ont donc permis de mieux comprendre l’influence des conditions environnementales et des relations interpersonnelles sur la performance humaine en Arctique ou Antarctique.

Mais, généralement, cette influence a été considérée sous l’angle de leur impact négatif (sur l’humeur, la qualité du sommeil, les capacités de concentration, les relations interpersonnelles, le rendement du travail…).

Néanmoins, les nombreux aspects positifs de la vie et du travail en environnement extrême sur une longue période (comme par exemple le sentiment d’accomplissement personnel, issu du fait d’avoir affronté avec succès les nombreux défis posés par la rigueur des conditions du milieu) sont souvent ignorés.

Sur le plan de la recherche, en psychologie polaire comme « spatiale », il est donc important de considérer ces deux versants de l’expérience, positifs comme négatifs, de développer des programmes de préparation à ces missions, ainsi que des outils permettant de prévenir leurs éventuelles conséquences néfastes ou d’y remédier.

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