Recherches Arctiques

Actualités de la recherche scientifique
ISSN : 2755-3755

Nourriture traditionnelle et moderne : le « dilemme arctique » au Groenland

Pour rester en bonne santé, comment doit-on se nourrir? Cette grande question fait actuellement débat dans les pays industrialisés et se pose de manière encore plus "brûlante" concernant la population des régions polaires.

Les acides gras oméga-3 sont des lipides dits essentiels car l’organisme humain ne peut les produire. Ils sont notamment présents à des taux élevés dans les poissons gras vivant en eaux froides (thon, maquereau, saumon,…). Avec d’autres nutriments (vitamines, oligoéléments, minéraux) contenus dans l’alimentation traditionnelle des peuples de l’Arctique, ils semblent fournir aux groenlandais une protection contre certaines maladies typiques des pays développés, telles que les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2 [1]Le diabète de type 2 se manifeste généralement vers l’âge de 40 ans, mais il atteint aujourd’hui des personnes de plus en plus jeunes, tels des enfants et des adolescents. Il affecte davantage les personnes obèses, c’est pourquoi on l’appelle aussi « diabète gras ». Il est plus courant chez les personnes qui ont des antécédents familiaux de diabète. Puisqu’il ne nécessite pas, dans la majorité des cas, d’injections d’insuline, on lui donne aussi parfois le nom de « diabète non-insulinodépendant »..

Alimentation traditionnelle au Groenland : séchage de poissons

Alimentation traditionnelle au Groenland : séchage de poissons
Photo jtstewart
Certains droits réservés Licence Creative Commons

Cependant, il est malheureusement devenu évident que, depuis les années 1970, la nourriture des Inuits à base de produits de la mer contient en outre, des polluants toxiques tels que des métaux lourds, des pesticides et d’autres contaminants comme les polychlorobiphényles (PCB). Ces deux effets opposés de l’alimentation traditionnelle sur la santé étant indissociables, ce phénomène est connu sous le nom de « dilemme arctique ».

Toutefois, la composition en éléments « intéressants » (acides gras, nutriments) et la teneur en contaminants toxiques variant selon le type d’aliment, il serait théoriquement possible de proposer une alimentation qui représenterait le meilleur compromis entre bénéfices et risques pour la santé de cette population.

C’est pourquoi, des auteurs danois et groenlandais ont entrepris d’analyser la teneur en acides gras, nutriments et polluants de différents aliments (issus à la fois de la nourriture traditionnelle et de la nourriture importée) collectés en 2004 dans la ville d’Uummannaq (Groenland, au nord du cercle polaire). Ils ont comparé leurs résultats à ceux d’une étude antérieure réalisée dans le district d’Uummannaq en 1976. A cette époque les poissons, les baleines et les phoques constituaient la principale ressource de nourriture. Des mesures anthropométriques telles que le poids, la taille et l’indice de masse corporelle (IMC)[2]L’indice de masse corporelle ou IMC sert à évaluer le surpoids chez l’adulte.

Il se calcule de la façon suivante : IMC = Masse / (Taille)², la masse étant exprimée en kilogrammes et la taille en mètres. A partir de 25, un individu est en surpoids, au-delà de 30, il est obèse.
, ainsi que le dosage des lipides sanguins, ont été effectués parmi les habitants, respectivement en 1976 et 2004, afin de servir d’indicateurs de santé.

Alimentation traditionnelle au Groenland : viande de baleine dans un supermarché

Alimentation traditionnelle au Groenland : viande de baleine dans un supermarché
Photo Denni Schnapp
Certains droits réservés Licence Creative Commons

Les résultats montrent que le poids, la taille, l’IMC, le cholestérol et les triglycérides ont augmenté de façon significative. A Uummannaq, le nombre d’obèses (IMC > 30), nul en 1976 dans le district, est passé en 2004, à 53% dans la population masculine et à 13% dans la population féminine. Cette prise de poids serait liée à l’adoption d’un mode de vie à l’occidentale par les habitants des villes. Si cette occidentalisation s’accompagne d’une augmentation de la part de nourriture importée dans l’alimentation, l’obésité proviendrait plutôt du manque d’exercice physique.

D’après les auteurs, l’alimentation la plus équilibrée, du point de vue du rapport risques/bénéfices pour la santé, devrait être composée à 20-30% de nourriture traditionnelle. Ces proportions correspondraient à une dose journalière de 3 à 5 g d’acides gras oméga-3. Ils recommandent de ne pas dépasser ces quantités en produits locaux, permettant ainsi de limiter la dose de polluants absorbée. Les auteurs préconisent également d’améliorer la qualité de la nourriture importée (fruits, légumes, pommes de terre, pain de seigle…) pour éviter les carences en vitamines et autres éléments minéraux.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Le diabète de type 2 se manifeste généralement vers l’âge de 40 ans, mais il atteint aujourd’hui des personnes de plus en plus jeunes, tels des enfants et des adolescents. Il affecte davantage les personnes obèses, c’est pourquoi on l’appelle aussi « diabète gras ». Il est plus courant chez les personnes qui ont des antécédents familiaux de diabète. Puisqu’il ne nécessite pas, dans la majorité des cas, d’injections d’insuline, on lui donne aussi parfois le nom de « diabète non-insulinodépendant ».
2 L’indice de masse corporelle ou IMC sert à évaluer le surpoids chez l’adulte.

Il se calcule de la façon suivante : IMC = Masse / (Taille)², la masse étant exprimée en kilogrammes et la taille en mètres. A partir de 25, un individu est en surpoids, au-delà de 30, il est obèse.

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