2019, annus horribilis pour l’Arctique, la ligne de front du changement et réchauffement climatique
Il est largement admis par la communauté scientifique que le changement climatique est deux fois plus intense dans la région Arctique que nulle part ailleurs sur la planète. Or, les pôles sont des régulateurs clés pour les conditions météorologiques et climatiques du reste du monde, agissant comme “rafraîchisseurs” des vents et courants marins. Ce qui se passe dans l’Arctique a donc des conséquences sur toute la planète.
Malgré des records de température, cet été boréal 2019 n’a pas battu les niveaux de fonte des glaces de 2012 mais n’était pas loin de les égaler. Certains records ont cependant été atteints. Euronews a donc cherché à comprendre pourquoi 2019 avait été aussi chaotique pour le pôle Nord.
Mais par où commencer ? En effet, l’équilibre est très délicat en matière d’information sur le changement climatique, entre être alarmiste ou réaliste, tout en aidant les lecteurs à comprendre la situation. Or, là, il semble qu’être un tant soit peu alarmiste est la seule manière d’expliquer ce qui s’est déroulé en Arctique cet été…
Des records de fonte de glace
En mai dernier, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo s’est félicité des “nouvelles opportunités” offertes en Arctique. Doit-on comprendre que ces opportunités sont dues au réchauffement de l’Arctique ? Après tout, les ressources de l’Arctique n’étaient jusqu’alors pas exploitables.
Sa déclaration sonne, depuis, un peu comme une prophétie : en effet, depuis le dernier sommet du Conseil de l’Arctique en mai lors duquel les Etats-Unis ont refusé de signer une déclaration mentionnant le concept de changement climatique, la région a subi une fonte record des glaces.
Selon les dernières données du Centre de données national américain de la neige et de la glace (NSIDC), la banquise arctique a atteint son seuil minimum annuel. Il est donc confirmé que 2019 est la seconde pire année depuis les enregistrements satellites après 2012. Les treize dernières années ont toutes atteint des seuils minimums de glace. La tendance s’est ajustée à la mi-août comme le montre le graphique interactif du NSIDC.
L’étendue des glaces diminue mais leur épaisseur aussi se réduit. Le volume global est donc moindre, déversant des millions de tonnes d’eau douce dans les océans. Les conséquences de ce mélange d’eaux salées et douces sont encore inconnues, tant au niveau du système météorologique que climatique et des écosystèmes marins. Sans mentionner la conséquence directe : l’élévation du niveau de la mer, aggravée par la dilatation des eaux causée par la hausse des températures des océans.
Les observations satellites permettent aux scientifiques de confirmer que l’élévation du niveau des mers s’accélère.
Cependant, Mark Drinkwater, chef de la division Sciences de la Terre et des missions de l’Agence spatiale européenne, explique à Euronews que les gains en glace de la banquise durant l’hiver 2018/2019 étaient plus importants que les années précédentes. “Il faudrait donc un été particulièrement exceptionnel pour que la fonte efface tout le volume de glace reconstitué. Nous attendons les données de CryoSat concernant la formation de glace de l’automne, et non les prédictions issues de nos modèles, pour calculer la masse nette de glace fondue cet été”…