Formes sous-marines inédites
Dans la nuit du 17 Juillet 2010, à 0h53, Jonathan Roger et Patrick Lajeunesse de l’Université Laval, Mathieu Duchesne et Nicolas Pinet de la Commission géologique du Canada (CGC) et Guillaume St-Onge de l’UQAR remarquent d’étranges structures sur les fonds marins de la baie d’Hudson alors qu’ils sont à bord du navire de recherche Amundsen. Ils présentent aujourd’hui tout ce qu’ils ont recueilli au sujet de ces étranges formations dans un rapport qui vient d’être remis à la CGC.
Les formes sous-marines en question résultent du remodelage de sédiments de sable et d’argile qui repose au fond de la baie d’Hudson. Les chercheurs les ont classées en deux types. Les premières, appelées évents, sont déjà connus de la communauté scientifique. Ce sont des dépressions circulaires dont la profondeur varie de 10 à 20 mètres et dont le diamètre peut atteindre 100 mètres. « Les évents sont souvent associés à la présence d’hydrocarbures dans les couches sous-jacentes » explique Jonathan Roger. « Leur formation résulterait de l’expulsion, à travers une couche géologique perméable ou par une fracture, d’un gaz ou d’un liquide. Ici, il pourrait s’agir d’hydrocarbures ou d’eau. Les données dont nous disposons ne permettent pas de trancher sur la question. »
Le second type de structures est inédit. Les chercheurs les nomment pour l’instant « formes circulaires ». Ce sont des anneaux dont le diamètre dépasse 200 mètres et d’une profondeur d’environ 10 mètres. Un dôme se dresse en leur centre. Comme il existe une couche de sel d’une trentaine de mètres d’épaisseur sous les premières couches qui forment le fond de la baie d’Hudson, il pourrait s’agir de remontées de sel. Ces formes ont été découvertes au centre de la Baie mais d’autres secteurs pourraient aussi en abriter. L’âge de ces deux types de structures a été évalué à moins de 8500 ans, après les dernières glaciations. En effet, comme l’indique Jonathan Roger, « si les icebergs étaient passés après la formation de ces structures, ils les auraient aplanies ».
Beaucoup de questions restent toutefois en suspens et le jeune chercheur aimerait retourner dans le secteur pour prélever des carottes de sédiments afin de déterminer la nature des couches sous-jacentes. Ces informations permettraient de savoir de quoi ces formes sont composées et de mieux comprendre comment elles ont été formées. Le géographe devra toutefois s’armer de patience : la forte demande pour l’Amundsen repousse la prochaine expédition au mieux, en 2012.
Pour en savoir plus,
Contacts :
– Patrick Lajeunesse, Professeur – Département de géographie, Pavillon Abitibi-Price, local 3113, Université Laval, Québec, Canada, G1K 7P4 – tél. : (001) 418 656-2131 poste 5879 – email : patrick.lajeunesse@ggr.ulaval.ca
– Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, Département de géographie
Source : Article tiré du site internet de l’Université de Laval : http://www.aufil.ulaval.ca/articles/mystere-fond-des-mers-32713.html
Rédacteur : Céline Bézy