Nouvelle hypothèse sur les peuplements néandertaliens dans le grand nord russe
La préhistoire est la discipline qui a pour but de reconstituer l’histoire et la vie des humains depuis leur apparition jusqu’à l’apparition de l’écriture, au cours de la période chronologique du même nom. Elle se fonde essentiellement sur l’examen et l’interprétation des témoignages de la présence humaine tels que les vestiges archéologiques découverts lors de fouilles ou les oeuvres de l’art préhistorique. Les méthodes physiques de datation de plus en plus précises, combinées à la présence d’ADN fossile et aux méthodes de datation paléontologiques permettent de retracer l’histoire de l’Homme de façon de plus en plus certaine. Ceci n’empêche pourtant pas les polémiques.
1- Les faits scientifiques
Les scientifiques basent leur argumentation sur l’analyse de la « technologie lithique » à partir des outils (plus de 300) retrouvés sur le site de Byzovaya, techniquement et typologiquement homogènes et présentant des caractéristiques appartenant à des traditions du Paléolithique moyen, retrouvées en Europe centrale et de l’est et exclusivement attribuées aux populations néandertaliennes. Les méthodes de datation des os, de mammouths principalement, ou de grains de sable confirment l’époque moustérienne (de -100.000 à – 30.0000 ans environ, du nom du lieu Le Moustier en Dordogne, où furent réalisées les premières découvertes en 1860). Les implications de ces observations sont très importantes dans la mesure où elles tendraient à prouver qu’il y a eu coexistence entre l’homme de Néandertal et l’homme moderne sur une période plus longue que ce que l’on pensait jusqu’ici.
2- La polémique
Elle est rapportée dans une analyse qui accompagne l’article référencé ci-dessus, publiée dans le même numéro de Science (http://www.sciencemag.org/content/332/6031/778.summary article payant). En résumé, même si la technologie lithique mise en évidence à Byzovaya peut très fortement suggérer la présence de l’homme de Néandertal, un certain doute peut subsister jusqu’à la découverte d’ossements et d’ADN néandertaliens, comme le reconnaissent les auteurs eux-mêmes en vrais scientifiques.
La publication de cet article évalué par des pairs a néanmoins été jugée prioritaire par le comité de rédaction de Science. Le Département devrait se féliciter de la mention du soutien du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes et de celui du Centre Franco-Russe de Recherche en Sciences Humaines et Sociales de Moscou, ce dernier sous tutelle du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et du Centre National de la Recherche Scientifique.
Une étude d’un tel impact reflète l’importance des collaborations bilatérales en matière scientifique, surtout dans le cas présent pour la poursuite de l’exploitation de la richesse préhistorique du site de Byzovaya.
Pour en savoir plus,
contacts :
– MICHAEL BALTER
– http://www.sciencemag.org
Source : http://www.sciencemag.org
Rédacteur : Mathieu GIRARD