Les modèles climatiques actuels pourraient sous-estimer les changements climatiques à long terme
Certaines périodes passées ont été au moins aussi chaudes que l’époque actuelle. Les chercheurs tirent de leur examen des informations intéressantes pour la construction des modélisations du réchauffement climatique et de son évolution.
Une équipe internationale de 17 pays publie le 25 juin 2018 une analyse de périodes passées, dans Nature Geoscience. Il en ressort qu’un réchauffement global, même limité à 2~°C au-dessus du niveau préindustriel comme l’accord de Paris le préconise, engendrera des déplacements rapides des zones climatiques et des écosystèmes associés. Les calottes polaires vont se réduire significativement pour des périodes de plusieurs milliers d’années. Un réchauffement rapide des pôles relâchera un surplus de gaz à effet de serre, et le niveau de la mer montera de plusieurs mètres au cours des prochains millénaires. Enfin, ces observations montrent également qu’un bon nombre des modèles climatiques actuels, utilisés pour la simulation des changements au cours du XXIe siècle, risquent de sous-estimer les changements à long terme.
Plusieurs périodes de temps ont été identifiées au cours des 3,5 derniers millions d’années comme ayant été de 0,5 à 2~°C plus chaudes que l’époque préindustrielle. Elles révèlent des réchauffements plus marqués aux hautes latitudes que dans les régions tropicales, ce qui est similaire aux résultats de simulations issus de modèles de climat pour un réchauffement global de 2~°C à l’horizon 2100. Bien que ces périodes chaudes passées n’aient pas toutes été causées par une augmentation du CO2 atmosphérique, leur étude permet d’évaluer les effets d’un réchauffement comparable au niveau limite préconisé par l’accord de Paris.
Les écosystèmes et les zones climatiques vont migrer
L’étude confirme que la migration des écosystèmes et des zones climatiques s’effectuera en général vers les pôles, ou vers des zones de plus haute altitude. Elle confirme aussi que le dégel du permafrost relâchera du gaz carbonique et du méthane additionnels, ce qui causera un réchauffement supplémentaire. Les observations des époques chaudes passées suggèrent qu’avec un réchauffement limité à 2~°C, comme le propose l’accord de Paris, le risque d’un emballement catastrophique lié à de fortes émissions induites de gaz à effet de serre est relativement faible. Cependant, même dans ce cas, le CO2 additionnel issu du permafrost et des sols doit être pris en compte…