La circulation océanique s’accélère en Arctique et ce n’est pas une bonne nouvelle
Si l’on exclut la dérive transpolaire, la circulation océanique dans le bassin arctique est principalement marquée par la présence d’un gyre faisant près de 1000 kilomètres de largeur, situé au nord de l’Alaska et de l’archipel Canadien : le gyre de Beaufort. Celui-ci consiste en une masse d’eau froide et peu salée qui tourbillonne dans le sens des aiguilles d’une montre. Elle est tantôt recouverte par la banquise en saison froide, tantôt exposée à l’atmosphère lorsque la glace de mer fond en saison estivale.
Récemment, des chercheurs ont identifié un processus qui régule la vitesse de la circulation associée au gyre. Ce régulateur est relié à la présence de la glace de mer – les scientifiques parlent ainsi de ice-ocean governor ou régulateur glace-océan. Au printemps, lorsque commence la débâcle, la circulation océanique est de plus en plus exposée aux vents, ce qui provoque son accélération. À l’inverse, quand l’embâcle reprend en cours d’automne, la glace isole de plus en plus l’océan de l’atmosphère – la circulation ralentit. Ce régulateur naturel fixe par conséquent une limite à l’intensité que peut atteindre le gyre.
Toutefois, avec la tendance drastique à la diminution de l’extension et du volume de glace au pôle nord, ce mécanisme devient de moins en moins efficace. Ainsi, les chercheurs ont pu observer qu’au cours des dernières années, la vitesse du mouvement tourbillonnaire s’était accélérée. Cette évolution a conduit à une accumulation plus importante d’eau douce et de banquise dans la mer de Beaufort, entraînées par la circulation plus intense. Cette dernière s’étant par ailleurs étendue vers les profondeurs de l’océan. Avec la poursuite du réchauffement global et du recul de la glace de mer, les chercheurs s’attendent à voir transiter le gyre vers un nouveau régime, potentiellement instable…