Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

L’Arctique, nouvelle priorité des armées scandinaves

Publié le 21.05.2019 - Article de Frédéric Faux du 26/03/2019 sur Le Temps
D’importants contingents norvégiens, suédois et finlandais, appuyés par des commandos britanniques et des Marines américains, ont participé pendant une semaine à des manœuvres militaires au fond du golfe de Botnie. Une première depuis près de trente ans

Matts, dans le civil, travaille pour les chemins de fer suédois. Mais pendant une semaine, ce réserviste est resté terré dans une tente protégée par des murs de neige, ne sortant que pour prendre sa position sous un pont traversant la rivière Kallax, son fusil pointé vers l’est. Rien ne bouge sur la surface glacée du cours d’eau, mais ce père de famille reste vigilant: «Avec ce qui se passe dans le monde et surtout l’intérêt croissant autour de l’Arctique, nous devons nous entraîner à protéger cette zone», explique-t-il, prêt à «faire sauter» cet ouvrage stratégique pour ne pas le céder à «l’ennemi».

Comme Matts, 10 000 hommes ont participé pendant huit jours aux manœuvres militaires Northern Wind, qui se sont tenues au fond du golfe de Botnie, à la frontière avec la Finlande. L’exercice, qui a pris fin ce mercredi, a mobilisé 3000 Suédois, mais surtout un important contingent de Finlandais et de Norvégiens, appuyé par des commandos britanniques et des Marines américains.

Dans cette zone de forêt arctique, où l’on compte plus de rennes que d’habitants, ce déploiement de forces, accompagné de véhicules blindés et d’un appui aérien, n’est pas passé inaperçu. «Cet exercice de l’armée suédoise, en conditions hivernales, est le plus important organisé dans cette région depuis 1991», s’est félicité le colonel suédois Stefan Smedman. «J’ai traversé ma frontière avec 1500 soldats, a ajouté son homologue finlandais Jari Osmonen. Cela n’était pas arrivé depuis la Seconde Guerre mondiale.»

Un défi

Le but de Northern Wind est de tester l’interopérabilité des armées scandinaves, et leur capacité à braver les conditions de l’hiver arctique, particulièrement enneigé cette année. «Faire évoluer une brigade entière dans ces régions est un défi, remarque Robert Frisk, analyste au FOI, l’Agence de recherche suédoise sur la défense. A cause du climat, mais aussi des longues distances à couvrir et des routes, beaucoup plus rares.» Dans le scénario de cet exercice, Suède et Finlande mobilisent leurs troupes après une attaque venue de l’est et doivent affronter un ennemi joué par les Norvégiens. Avec insistance, Stefan Smedman rappelle qu’il s’agit d’un «scénario fictif obéissant à notre nouvelle priorité, qui est la défense du pays. Ce n’est pas une agression des Russes», précise-t-il.

C’est pourtant bien le puissant voisin, dont les frontières ne sont qu’à 300 kilomètres, qui est dans la tête de tous ces militaires vêtus de blanc camouflage. Depuis la guerre entre la Russie et la Géorgie en 2008, jusqu’à l’annexion de la Crimée en 2014 et l’implication de Moscou dans le conflit ukrainien, le climat régional s’est refroidi. Si la Russie ne menace pas directement la Scandinavie, les gouvernements locaux ne peuvent s’empêcher de voir son ombre dans ces multiples «incidents» ou «provocations» rapportés régulièrement par la presse…

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