Le grand rêve inachevé du Nunavut
L’euphorie s’est dissipée progressivement. Le mécontentement s’est installé. Les Inuits sont pourtant très patients.
Meeka Mike est une jeune grand-mère, mais à 53 ans, elle est assez âgée pour se souvenir de tous les efforts ayant mené à la création du Nunavut.
Même si cette réalisation reste une très grande source de fierté, l’amertume s’est incrustée.
Alors qu’elle prépare son attirail pour la chasse au phoque, Meeka Mike partage sa vision et sa déception : « C’est au-delà de la frustration, nous ne voyons pas beaucoup de résultats. Souvent, les décisions ne reflètent pas nos valeurs ».
« Quand je regarde autour de moi, je vois davantage de pauvreté qu’avant la création du Nunavut. Ce n’est pas normal » (Meeka Mike)
Le Nunavut, qui signifie « notre terre » en inuktitut, a 20 ans. C’est jeune. Mais face aux aspirations insatisfaites, bien des Inuits comme Meeka Mike expriment un sentiment d’urgence. « Il faut agir. Nous n’avons pas le choix ».
C’est notamment la réalité démographique qui explique la raison pour laquelle le temps presse. La population du territoire est passée de 26 820 en 1999 à 38 650 l’an dernier, un bond de 44 %. Le Nunavut a le taux de natalité le plus élevé du pays et la population la plus jeune.
Une fracture grandissante
Le Nunavut, un projet né au milieu des années 70, est le résultat de nombreuses années de négociations qui ont mené, en 1999, au plus important règlement de revendication territoriale de l’histoire du Canada.
20 ans après sa naissance, une contestation tranquille se dessine.
Il se trouve de plus en plus d’Inuits pour dire que le gouvernement ne répond pas à leurs besoins. Au centre de leurs préoccupations : l’emploi, la langue et l’éducation…