La navigation dans l’Arctique, un risque pour l’environnement ?
« Peu de risques de dommages, sauf en cas d’accident »
Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime
Les risques de dommages à l’environnement liés à l’ouverture d’une route passant par le nord de la Russie restent limités, car la principale source de pollution des navires est le rejet de fumées. Or ces fumées se dissipent dans l’atmosphère et n’ont pas d’impact spécifique sur cette région.
Le vrai risque est celui d’un accident : une collision qui pourrait entraîner une déchirure de coque ou un naufrage. La route du Nord-Est présente des conditions de navigation très difficiles. Les navires longent la côte nord de la Russie par un certain nombre de détroits, dans des paysages assez inhospitaliers. Les eaux sont encombrées de glaces. Or un certain nombre de pétroliers passent par là, des méthaniers, des vraquiers qui transportent du charbon et quelques rares porte-conteneurs.
Le développement de la circulation maritime devrait rester limité
Pour limiter les risques d’accident, les navires doivent obligatoirement avoir une coque renforcée. L’État russe se charge d’assurer la sécurité, grâce à 14 points de secours qui ont été créés. Des brise-glace à propulsion nucléaire y sont stationnés pour se porter au secours de navires qui se trouveraient en difficulté.
Par ailleurs, le développement de la circulation maritime dans cette zone devrait selon moi rester limité. Je ne crois pas que ce passage devienne rapidement un grand couloir de circulation maritime. Les navires conçus pour naviguer dans ces zones polaires sont en effet plus chers que les navires standards. Les compagnies de transport sont peu enclines à investir, surtout pour une période aussi courte de navigation. La pleine saison ne dure en effet que quatre mois environ…