Une menace à la souveraineté canadienne en Arctique
Or, à la fin des années 1950, les États-Unis se mirent à contester la souveraineté canadienne sur la région. Washington énonça alors l’idée que le passage du Nord-Ouest était un détroit international. Le gouvernement Diefenbaker répliqua en réaffirmant la souveraineté canadienne. Ce différend canado-américain fut ensuite oublié jusqu’en 1985.
C’est alors que le Polar Sea, l’unique brise-glace de la garde côtière américaine, utilisa le passage sans demander l’autorisation au Canada. Face à ce défi de la souveraineté canadienne, le gouvernement Mulroney a vivement réagi. Le sujet fut mis à l’ordre du jour du sommet Mulroney-Reagan à Ottawa de 1987. Les deux pays ont convenu en 1988 que les États-Unis demanderaient au Canada la permission avant d’envoyer un brise-glace dans le passage du Nord-Ouest et que le Canada donnerait toujours son accord.
Cet accord représentait une sorte de coup de génie diplomatique. Ce différend était pour ainsi dire gelé, alors que les deux parties convenaient de ne pas envenimer leur désaccord de principe sur cette question. Le Canada préservait sa souveraineté sur le passage du Nord-Ouest sans pour autant forcer les États-Unis à renoncer à leur vision que celui-ci était des eaux internationales.
Or, le secrétaire d’État Mike Pompeo créa en mai dernier tout un remous diplomatique et politique dans les relations canado-américaines. Il déclara que l’administration Trump considérait comme illégitime la prétendue revendication de souveraineté canadienne sur le passage du Nord-Ouest. Pour lui, cette revendication ne reflétait pas le sens de l’accord de coopération conclu en 1988.
Le plus haut fonctionnaire de la diplomatie américaine venait ainsi d’ouvrir la boîte de Pandore. Remplie d’erreurs factuelles et d’incohérences, la déclaration de Pompeo représente un geste typique de l’administration Trump qui n’hésite pas à se moquer du droit international, même si cela signifie bousculer et intimider de vieux alliés comme le Canada…