Températures records au Groenland, des incendies gigantesques en Sibérie
Fortes chaleurs, sécheresse, orages secs et vents puissants. En Sibérie, en Alaska, au Canada. Depuis début juin, des incendies sans précédent ravagent l’Arctique. Des millions d’hectares sont déjà partis en fumée. Une situation qui menace aujourd’hui la population. Car même si les feux semblent se cantonner majoritairement à des zones inhabitées, les fumées qu’ils dégagent se font pesantes, âcres.
Au-dessus de la Russie, les images satellites montrent un nuage plus grand que l’Union européenne et le gouvernement russe — qui a choisi de compter sur la pluie et la neige pour éteindre les incendies — a lancé l’alerte « ciel noir » pour protéger les plus fragiles et déclaré, dans certaines régions, l’état d’urgence.
Réchauffement climatique et vague de chaleur
De manière plus globale, l’ennui, c’est que sur le seul mois de juin, déjà, ces incendies avaient dégagé quelque 50 gigatonnes de CO2. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), c’est plus que ce qui a été libéré par les incendies dans l’Arctique pendant tous les mois de juin réunis de 2010 à 2018 ! Et tout ce CO2, bien sûr, contribue au réchauffement climatique. Tout comme les cendres qui, lorsqu’elles se posent sur la glace ou la neige, absorbent le rayonnement solaire au lieu de le réfléchir. Une menace pour les glaces polaires.
Une situation d’autant plus alarmante qu’une masse d’air chaud surplombe aujourd’hui le Groenland. Celle-là même qui a été responsable de la canicule que nous avons vécue en juillet…
Les glaces en grand danger
« Cela va faire augmenter la fonte de la calotte glaciaire du Groenland », estime Clare Nullis, porte-parole de l’OMM. Plus largement, les experts s’attendent à une anomalie de fonte des glaces de quelque 40 Gt. Après 2012, la seconde plus importante depuis 1950. Alors même que la superficie couverte par la banquise de l’Arctique était déjà, au 15 juillet 2019, proche de son niveau le plus bas jamais enregistré.
« Le Groenland a connu un hiver relativement sec. Or la neige, plus brillante que le glacier qu’elle recouvre, reflète plus d’énergie que la glace. Lorsque le peu de neige de 2019 a fondu, la glace en dessous a commencé à absorber davantage et la vitesse de fonte s’est accélérée. Cette année, la calotte risque de perdre beaucoup plus de glace », explique Ruth Mattrom, climatologue à l’Institut danois de météorologie (DMI). Un Institut selon lequel même l’oscillation nord-atlantique — qui décrit les variations du régime océan-atmosphère sur la région — apparaît défavorable cette année avec de hautes pressions bloquées au-dessus de la banquise…