L’Arctique convoité par les investisseurs : le Canada veut une meilleure protection militaire
Le plan stratégique concocté par le gouvernement canadien, et plus précisément appelé « Cadre stratégique pour l’Arctique et le nord du Canada », a établi une ligne de conduite qui court jusqu’en 2030.
Tout est parti d’un constat : l’Arctique canadien suscite de plus en plus d’intérêt à l’échelle internationale et fait l’objet d’une concurrence croissante de la part d’acteurs étatiques et non étatiques. Ces derniers cherchent à profiter des riches ressources naturelles et de la position stratégique de la région. « Cette demande pose des défis en matière de sécurité auxquels le Canada doit être prêt à répondre », souligne le document.
Une région aux atouts alléchants
L’Arctique représente 40% de la superficie du Canada, et pourtant la région compte seulement 100.000 habitants. Si les humains sont peu nombreux, l’Arctique regorge de minerais et d’hydrocarbures.
Autre grand attrait pour les états extérieurs : le Passage du Nord-Ouest, qui serpente à travers l’archipel canadien, permet aux navires d’économiser plus de 7000 kilomètres de navigation entre l’Europe et l’Asie. Le gouvernement canadien rappelle ainsi que « les navires de tourisme ne sont plus rares dans l’Arctique canadien » et qu’en particulier, en 2016, un « premier paquebot de croisière moderne étranger de 1000 passagers a transité d’un bout à l’autre du passage du Nord-Ouest ».
Le Canada prend des mesures
Dans ce contexte, Ottawa se dit « résolu à exercer sa souveraineté » sur cette voie maritime, considérée comme un détroit international libre d’accès par de nombreux pays, dont les États-Unis, ce que le Canada conteste. Comme l’indique le nouveau plan stratégique, le Canada va donc lancer un processus de « dédouanement à distance des navires privés » pour forcer les embarcations étrangères à s’identifier. Un premier navire chinois avait notamment traversé en 2017 le passage du Nord-Ouest, sans avoir consulté Ottawa. « Il est donc primordial de rehausser la présence militaire du Canada, de même que prévenir les incidents de sécurité dans l’Arctique et dans le Nord et intervenir le cas échéant », écrit le gouvernement de Justin Trudeau.
D’autant que de l’autre côté de l’océan Arctique, se trouve la Russie… Et que Moscou a rouvert de nombreuses bases militaires. Ottawa veut également renforcer dans ces zones les capacités de surveillance et de contrôle, notamment grâce à de nouveaux satellites. Enfin, le Canada veut accroître la collaboration avec ses alliés et voisins nordiques : les États-Unis (Alaska) et le Danemark (Groenland), mais veut aussi « explorer des possibilités de collaboration avec la Norvège, également membre de l’Otan, afin d’accroître la surveillance de la région de l’Arctique en général ».