Après la Covid-19, la fonte des glaces va-t-elle libérer de nouveaux virus ?
Après le coronavirus, va-t-on voir apparaître un nouveau virus mortel ? Face à la crise mondiale sans précédent, on est en droit de s’inquiéter. Pour Jean-Michel Claverie, professeur de médecine et directeur du laboratoire Information Génomique et Structurale du CNRS, une menace nous guette tout particulièrement, et elle vient du pôle Nord. La fonte du permafrost, ou pergélisol, une couche de glace profonde qui existe dans l’Arctique, pourrait faire ressortir des virus enfouis dans la glace depuis plusieurs milliers d’années.
La fonte du permafrost a commencé il y a plusieurs années avec le réchauffement climatique. C’est un phénomène connu, que Jean-Michel Claverie estime à environ « 50-60 centimètres chaque année ». En 2016, la fonte de la glace a ainsi libéré de l’anthrax, une bactérie mortelle, qui a tué quelque 1.500 rennes en Sibérie.
« Il existe dans le permafrost un certain nombre de bactéries et de virus largement infectieux qui datent de très nombreux millénaires », explique Jean-Michel Claverie à RTL.fr. Lui travaille avec son épouse Chantal Abergel, virologiste et directrice adjointe du laboratoire, sur des virus bien particuliers : ceux qui touchent les amibes, de petits êtres vivants unicellulaires. En pratique, ils n’ont pas le droit de travailler sur des virus qui pourraient contaminer les êtres humains, mais ils alertent sur le risque qu’ils représentent.
« On sait par exemple que de l’ADN provenant du virus de la variole a été trouvé sur des cadavres dans le permafrost, mais aussi des traces de peste porcine », soutient Jean-Michel Claverie.
Un risque lié à l’installation d’industriels
Le risque, c’est donc que ces virus, mais aussi d’autres, qu’on ne connaît pas encore, soient libérés. Mais ce n’est pas tant la fonte naturelle de la glace qui pose problème, soutient le chercheur. « Avec la fonte de la glace, des industriels s’installent pour exploiter les ressources de l’Arctique. Ils creusent des énormes trous dans le permafrost », explique-t-il.
En plus du danger de libérer les virus, les entreprises, en particulier russes, amènent de nombreux ouvriers sur les sites, ce qui augmente fortement le risque d’une épidémie. « Il faudrait au moins des services médicaux compétents, qui puissent mettre en quarantaine les personnes si elles se mettent à présenter des symptômes d’un virus inconnu », alerte Jean-Michel Claverie.
« On a vu la crise que peut provoquer un petit virus comme le coronavirus, qui tue moins d’1% des contaminés. Vous imaginez ce que ce serait avec un virus comme la variole, qui a un taux de mortalité de plus de 30% ? », s’indigne le chercheur…
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Voir aussi l’article d’Hugo Diverres du 21/10/2020 sur Gentside