Géographie : L’Arctique, un espace sentinelle face aux défis de mondialisation
Le réchauffement climatique et d’importantes ressources énergétiques font de l’Arctique un carrefour de communication de plus en plus intégré dans la mondialisation. La fonte des glaces s’est particulièrement accélérée avec une banquise qui se réduit de 12 % par an. L’accès à ses ressources s’en trouve facilité, ce qui attise les convoitises et érige l’Arctique en marché émergent. Ces multiples enjeux font de l’Arctique un espace incontournable pour aborder plusieurs thèmes de Géopolitique du secondaire et du supérieur. Les géographes Clara Loïzzo et Camille Tiano reviennent sur les multiples défis de cet espace polaire.
Nonfiction.fr : Les définitions et représentations de l’Arctique divergent sur les plans physique et politique, mais aussi dans les imaginaires. Pouvez commencer par rappeler ce qu’est l’Arctique ?
Clara Loïzzo / Camille Tiano : L’Arctique est un territoire à géométrie variable, on peut le définir et le délimiter de manière différente selon l’approche que l’on en a. Pour en citer quelques-unes, on peut dire que l’Arctique est un « merritoire » -pour reprendre la notion de Camille Parrain- plus qu’un territoire. Ce merritoire correspond au plus petit océan du monde (14 millions de km2) ainsi qu’aux îles qu’il contient dont la plus vaste et la plus connue est le Groenland, et aux territoires américains, européens et asiatiques qui l’entourent.
Dans une perspective plus environnementale, l’Arctique peut être défini comme un monde du froid puisqu’il s’agit d’une zone climatique, limitée notamment par le cercle polaire arctique (66° de latitude nord), parmi les plus froides et les plus contraignantes de la planète. Un froid qui tient à la fois à la chaleur moindre qu’il reçoit du soleil, et à la nuit polaire qui y dure jusqu’à six mois. L’Arctique est également une région à laquelle sont attachées des représentations marquées par la wilderness – pour reprendre la notion analysée par Bernard Debarbieux- et l’autochtonie : c’est le monde des ours blancs et des Inuits. Et au-delà de cette imagerie, les questions environnementales et la représentation des peuples autochtones arctiques constituent des thèmes qui marquent la gouvernance régionale.
Car l’Arctique peut aussi être défini comme un ensemble géopolitique en construction, comme une macro-région qui s’organise de manière croissante sur le plan institutionnel notamment au travers du Conseil de l’Arctique. Enfin, l’Arctique correspond à des territoires et merritoires convoîtés, ce qui conduit les États, comme les organisations de coopérations régionales, à en donner des délimitations souvent peu consensuelles…
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