Aujourd’hui l’Ukraine, demain l’Arctique ?
Depuis 2014, le débat public en Europe s’est concentré presque exclusivement sur ce que la Russie ferait sur son flanc ouest et sur la manière dont elle réagirait à l’élargissement de l’Otan. Le 24 février, analystes et décideurs politiques européens se sont réveillés en apprenant l’invasion russe de l’Ukraine. Un aspect sous-estimé de cette architecture de sécurité est la militarisation accélérée et la montée des tensions dans l’Arctique.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles l’Arctique va devenir un nouveau foyer de tensions. Tout d’abord, le réchauffement climatique y a ouvert de nouvelles routes maritimes. Il y a ensuite l’abondance de pétrole et de gaz naturel. Plus intéressant encore peut-être, c’est le potentiel que recèle l’Arctique pour les énergies renouvelables. Avec la présence d’importants minerais, tels que le lithium et le cuivre et les possibilités d’accueillir des éoliennes et des turbines marines.
Ces deux raisons ont fortement incité les États non arctiques à s’y impliquer. En 2018, Pékin s’est ainsi qualifié d' »État proche de l’Arctique ». Avec toutes les grandes puissances désormais investies dans la région, le récit de la paix et de la coopération fait désormais place à celui de la sécurité et de la dissuasion.
On a notamment constaté que la Russie avait augmenté sa présence militaire dans la région. La relance des bases militaires, l’expansion et la modernisation de la flotte nordique russe, la mise à l’eau d’un premier brise-glace prêt au combat et l’adaptation de la technologie et du personnel militaire aux conditions arctiques ne sont que quelques exemples.
De leur côté, les États-Unis ont récemment relancé leur politique à l’égard de cette région. Quant à l’Europe, son influence y est substantielle avec le Danemark, la Finlande et la Suède qui y possèdent un territoire.
Un conflit serait-il dès lors possible ?
Un premier aspect, pour répondre à cette question, est que tant la Russie que l’Otan y mènent des exercices militaires sans précédent, ce qui donne lieu à des tensions politiques.
Deuxièmement, combinés à ces exercices militaires et à l’essor de l’activité économique, les risques d’accrocs ou de conflits politiques augmentent. Les incidents tels que les collisions accidentelles sont de plus en plus probables.
Troisièmement, plusieurs hauts fonctionnaires — en Russie, en Europe et au sein de l’Otan — ont déjà exprimé leurs inquiétudes quant aux futures tensions dans l’Arctique.
Enfin, la façon dont Moscou traite l’Arctique fait l’objet d’une rhétorique agressive, identique à celle que l’on observe dans la guerre en Ukraine. Bien que les circonstances soient très différentes, Moscou est de plus en plus agressif dans ses relations avec les autres pays arctiques. Les incursions dans l’espace maritime et aérien des pays scandinaves en sont des manifestations…
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