Ils étudient l’Arctique, région du monde qui se réchauffe le plus vite
Conditions météo extrêmes
Peuplée de moins de 2 500 résidents permanents, Longyearbyen accueille touristes et chercheurs. Cette ville minière fondée au début des années 1900 dispose encore d’une mine en activité et d’une centrale au charbon, la dernière de Norvège. Mais avec le changement climatique qui met sa faune en péril et menace les communautés locales, Longyearbyen se prépare à passer totalement aux énergies renouvelables dans les prochaines années.
Reste que les conditions météo de plus en plus extrêmes font déjà des ravages. La municipalité a dû construire des barrières pour la neige : elle estime à 10% le nombre d’habitations non sûres après la mort d’un résident et d’une petite fille de deux ans dans une avalanche il y a quelques années.
Dégel du permafrost et dégradation des habitats de la faune
Kim Holmén, professeur spécialiste du climat et de l’environnement à l’Université Arctique de Norvège (UiT) et conseiller senior de l’Institut polaire norvégien, travaille depuis 35 ans au Svalbard.
Il nous emmène à l’extérieur de Longyearbyen et nous montre de grandes étendues de terre mutilées par le dégel du permafrost. Ce processus fragilise les routes et les bâtiments dans tout l’Arctique et libère du méthane, un puissant gaz à effet de serre.
Sur place, le sol détrempé s’affaisse. « On ne peut plus marcher sur cette herbe, les rennes ne peuvent plus la brouter » explique Kim Holmén. « C’est un exemple frappant de la manière dont le monde change à cause du réchauffement » dit-il.
La hausse des températures et la fonte croissante des glaces affectent les habitats de la faune. La plupart des espèces endémiques ne peuvent pas s’adapter suffisamment vite et la migration vers des régions plus froides est impossible.
« On est au bout de la Terre, il n’y a pas de territoire plus au nord » fait remarquer le scientifique norvégien. « On peut citer des espèces emblématiques comme l’ours polaire, mais il en existe de nombreuses autres qui souffrent elles aussi de ces changements » précise-t-il.
L’océan Arctique et les espèces marines sont aussi affectés
Il n’y a pas que la terre qui ressent cet impact. L’augmentation de la température de l’eau et la réduction de la superficie de la banquise ont une influence sur l’ensemble du réseau alimentaire de l’océan Arctique.
Des chercheurs du Centre Universitaire au Svalbard (UNIS) participent à un projet financé par l’Union européenne qui consiste à prélever régulièrement des échantillons d’eau dans plusieurs fjords arctiques.
Nous accompagnons les microbiologistes qui en font partie lors d’une sortie en mer. Ils veulent en savoir plus sur les fluctuations à grande échelle du plancton qui peuvent avoir des effets en cascade sur les écosystèmes marins et côtiers.
Cheshtaa Chitkara, chercheuse en biologie marine arctique au UNIS, nous montre un échantillon d’eau de l’océan. Elle nous indique chercher le phytoplancton, mais aussi tout ce que l’on ne peut pas voir à l’œil nu. « Comme ces organismes constituent la première étape de la chaîne alimentaire, ils alimentent les poissons, puis on passe aux phoques, aux ours polaires et ainsi de suite ; donc si la base change, alors les choses changent pour les autres échelons » indique-t-elle.
La collaboration scientifique est un élément clé de la politique arctique de l’Union européenne qui vise à rendre la région plus résiliente au changement climatique et à la dégradation de l’environnement, à la fois en réduisant l’empreinte carbone de l’Europe et en soutenant la recherche internationale…
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