Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

Aux portes de l’Arctique, un monde qui vacille

Publié le 12.10.2022 - Article du 10/10/2022 sur La Croix (par AFP)
"Pour tout ce que nous lui infligeons, la Terre nous punira" : David Daley, éleveur de chiens de traineau, vit aux portes de l'Arctique canadien dans un monde qu'il a de plus en plus de mal à reconnaitre

Nous sommes à Churchill, petite localité isolée, en bordure de la baie d’Hudson où le réchauffement climatique est trois fois plus rapide qu’ailleurs dans le monde et où, progressivement, la banquise disparait.

Comme ses ancêtres du peuple métis, l’un des trois groupes autochtones du Canada, ce grand-père de 59 ans vit en communion avec la nature entouré de ses 46 chiens, là où finit la toundra et où commence la forêt boréale.

Chaque année, il redoute l’arrivée toujours plus tardive de la neige. « Mes chiens attendent l’hiver, comme nous tous », dit-il. « Cette culture est en train de mourir ».

Eté comme hiver, David Daley sillonne cette région connue pour ses aurores boréales où règnent rocailles, mousses, hautes herbes et forêts d’épinettes noires. Il y chasse depuis toujours et il a vu de près la faune et la flore changer.

« Quand j’étais enfant, je chassais, pêchais et trappais ici et il n’y avait presque pas d’élans, maintenant il y en a partout », décrit l’homme aux cheveux longs qui propose aux touristes des activités sur les savoirs autochtones. « C’est la même chose pour les tétras à queue fine et pour les martres… »

Un constat qui fait écho aux études scientifiques : le réchauffement climatique met en danger les espèces arctiques, notamment en ouvrant les portes à d’autres animaux venus du Sud. Ici, les animaux comme la végétation migrent vers le Nord.

Pour David Daley, les humains n’ont « pas le choix », il leur faut « s’adapter » comme les animaux sont contraints de le faire.

L’ours dans la ville

L’adaptation passe notamment par une coexistence à réinventer avec l’animal emblématique de la région : l’ours polaire.

Pendant la Guerre froide, la localité, qui abritait une installation militaire américano-canadienne aujourd’hui désertée, devait être prête à repousser une éventuelle attaque des Soviétiques par le pôle Nord. Aujourd’hui, ses habitants craignent surtout le superprédateur de l’Arctique.

Le réchauffement climatique réduit le temps où la baie d’Hudson est gelée et force les ours blancs de la région à rester plus longtemps qu’avant sur la terre ferme pendant l’été. Les mois de cohabitation avec l’homme sont plus longs et le carnivore, plus faible, s’approche de plus en plus de la ville.

S’aventurer autour de Churchill nécessite certaines précautions : un fusil, du répulsif et ne jamais marcher seul à la nuit tombée ou par visibilité réduite…

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