Avec le réchauffement, que reste-t-il de la banquise arctique ?
Selon les dernières données du Service Copernicus concernant le changement climatique, le mois de février 2023, à l’échelle mondiale, a été le cinquième le plus chaud jamais enregistré, avec des températures supérieures de 0,3°C à la moyenne pour 1991-2020.
Situations disparates
Sur la carte mondiale des anomalies de températures, on relève plusieurs éléments remarquables. Premièrement, dans le nord du Canada et les régions de l’ouest des États-Unis, il a fait bien plus froid que la moyenne en février.
En Europe, de manière générale, il a fait plus chaud, avec des températures de 1,2°C supérieures à la moyenne pour ce mois.
Mais, au nord de la Norvège et de la Russie, il a fait en février dernier, au moins 6 degrés de plus que la moyenne.
Une banquise moins étendue
Ces températures plus élevées dans l’Arctique le mois dernier interviennent à une époque de l’année où la glace de mer devrait être abondante à la fin de l’hiver.
Mais quand on regarde les données, ce n’est pas vraiment le cas. L’étendue de la banquise a été la deuxième la plus faible jamais enregistrée pour un mois de février et la concentration de la glace de mer a été inférieure à la moyenne dans les régions en rouge sur la carte ci-dessous, près de la Sibérie occidentale et au Svalbard.
« Aujourd’hui, certaines années, on a du mal à trouver un morceau de banquise sur lequel travailler »
Comment ce changement dans l’océan Arctique se traduit-il concrètement ? Pour en savoir plus, notre équipe s’est rendue à l’Institut polaire norvégien à Tromsø, à l’intérieur du cercle polaire arctique.
À notre arrivée sur place, par une température de -12°C ce jour-là, la ville, recouverte de neige, semble figée dans le temps. Pourtant, cette région évolue rapidement. L’Arctique se réchauffe trois à quatre fois plus vite que la moyenne mondiale.
Le scientifique Mats Granskog, spécialiste de la banquise à l’Institut polaire norvégien, l’a constaté de ses propres yeux. « Quand je me suis aventuré ici, pour la première fois, il y a peut-être 20 ans, il y avait beaucoup de banquise, de la glace épaisse et lourde, » explique-t-il. « Aujourd’hui, certaines années, on a du mal à trouver un bloc de glace, un morceau de banquise sur lequel travailler, donc la situation a beaucoup évolué au cours des dernières décennies, » fait-il remarquer.
Une couche de glace de mer de plus en plus fine
Chaque année, les scientifiques naviguent au nord-est du Groenland en direction du pôle Nord pour collecter des échantillons. Puis, ils les ramènent à Tromsø pour les étudier.
Notre équipe obtient l’autorisation exceptionnellement d’accéder aux carottes de glace de mer arctique stockées dans une chambre froide à -24°C.
Chaque carotte donne un instantané de l’Arctique au moment où elle a été prélevée. On nous en présente une collectée « à la fin du mois de juillet dernier quand on a atteint le pôle Nord, » précise Mats Granskog. « Donc on avait environ 1,5 m de glace de mer au pôle Nord l’été dernier, » dit-il.
« C’est une couche très fine entre l’océan et l’atmosphère, » poursuit-il. « En règle générale, il y a 20 ans, il y avait environ trois mètres de glace, » affirme-t-il…
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