Arctique : Ottawa abandonne nos stations météos pendant que la Russie investit massivement – Le Canada collecte de moins en moins de données, mettant à risque la navigation dans le passage du Nord-Ouest
Le passage du Nord-Ouest permet de rallier l’Atlantique Nord au Pacifique en traversant l’archipel arctique canadien. À partir de l’Atlantique, on peut y accéder en remontant la côte de Terre-Neuve-et-Labrador jusqu’au large du parc national des Monts-Torngat. Ensuite, on vire à l’ouest pour rejoindre la baie d’Hudson, ou bien on poursuit vers le nord pour atteindre la mer de Baffin.
C’est précisément dans le parc des Monts-Torngat que Robert Way, professeur à l’Université Queen’s, mène ses recherches. Il y a quelques jours, la température ressentie y était de 40°C, indique-t-il, du jamais-vu dans cette région où le mercure oscille habituellement autour de 10°C en été.
Mais les données d’Environnement Canada ne refléteront pas cette hausse de température, puisque le nord de Terre-Neuve-et-Labrador, au nord de la communauté inuit de Nain, n’a plus de station météo, dénonce M. Way. Deux ont été fermées en 2017 et la dernière a cessé d’émettre des données au printemps, dit-il.
« Ça va augmenter les risques pour la navigation », prévient le colonel à la retraite Pierre Leblanc, ancien commandant de la Force opérationnelle interarmées (Nord) du Canada. Pour que la Marine, la Garde côtière et les pêcheurs naviguent de façon sûre, explique-t-il, il est important d’avoir des prévisions météo exactes. Or moins il y a de stations météo, moins il y a de sources d’information, donc moins les prévisions sont fiables.
Zone de plus en plus fréquentée
Le nord du Labrador n’est que la pointe de l’iceberg. Partout en Arctique, « il y a eu une chute drastique du nombre de stations après l’an 2000, dénonce le Dr Way. On est revenu à ce que c’était dans les années 1950 pour les températures, et pour les précipitations, on a moins de données qu’en 1920 ».
La région a pourtant de plus en plus besoin de ces données, car en faisant fondre la banquise, le réchauffement climatique rend l’Arctique de plus en plus fréquentable. Dans le passage du Nord-Ouest, le trafic maritime a augmenté de 44% entre 2013 et 2019, d’après les données du Conseil de l’Arctique.
Outre le trafic commercial, touristique et scientifique, l’armée et la Garde côtière canadienne doivent y circuler régulièrement pour surveiller le trafic, ravitailler les communautés et assurer des opérations de recherche et de sauvetage de plus en plus fréquentes. La Marine royale canadienne y tient d’ailleurs, en ce moment, son exercice arctique annuel, Nanook…
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