Climat : La glace s’étend dans les pôles alors que 2023 a été l’année la plus chaude ? Gare à ce post climatosceptique
C’est la carte « Nasa » qui est cette fois-ci sortie pour attaquer la réalité du réchauffement climatique. Dans un post largement relayé sur Facebook en ce début d’année, des internautes remettent en cause l’urgence climatique en s’appuyant sur une mauvaise lecture de relevés de la célèbre agence spatiale américaine.
« « La Terre brûle » dit le président de l’ONU… », commence ce post, avec les points de suspension de rigueur pour ce type de message. L’auteur de ce message copié-collé par des dizaines d’internautes nous indique ensuite que « l’Arctique va commencer 2024 avec presque 1 million de km2 en plus que l’année dernière. L’Antarctique va, elle, commencer avec près de 2 millions de km2 supplémentaires ». L’attaque climatosceptique arrive ensuite : « Et le tout après la soi-disant » année la plus chaude » de tous les temps. Il va falloir que la secte réchauffiste nous explique cela, dans un nouveau bricolage dont ils ont le secret et donc ils sont devenus les artisans de haut vol. De purs manipulateurs ».
Il faut regarder l’évolution de la taille de la mer de glace sur plusieurs décennies
L’affirmation est sourcée vers un site fiable, le NSIDC, partenaire de la NASA et édité par une fac américaine, l’université de Colorado Boulder. En se rendant dessus, on voit effectivement que les mers de glace en Arctique et en Antarctique ont bien débuté l’année avec une superficie légèrement supérieure à celle de janvier 2023. Toutefois, pour se rendre compte de la réalité du réchauffement climatique, comparer deux années successives n’est tout simplement pas la bonne méthode.
C’est sur le temps long que l’on note les évolutions, rappellent plusieurs scientifiques interrogés par 20 Minutes. « Il est dénué de sens de comparer une année avec celle qui la suit, explique François Lapointe, un chercheur spécialiste de l’Arctique. Il convient de se pencher sur le long terme ».
2023 a vu « le record minimum de glace en Antarctique »
Alors, si on place le curseur sur plusieurs décennies, que nous disent les données ? En regardant le site de l’université partenaire de la Nasa, on s’aperçoit que « la glace de mer diminue de manière significative à chaque décennie qui s’écoule », complète François Lapointe.
Si l’on se penche sur l’année 2023, « elle se situe dans la moyenne de la plus chaude décennie jamais enregistrée, 2011-2020 », ajoute le scientifique de l’université Massachusetts Amherst …
… L’année dernière a même vu « le record minimum de glace en Antarctique », complète Aurélien Quiquet, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement du CNRS. Pour l’Arctique, « même si le record minimum de 2012 n’a pas été atteint », 2023 présente en moyenne « une étendue assez similaire à l’année du record ».
Quant au paradoxe pointé par le post climatosceptique – entre une année 2023 qui a enregistré des records de températures et une mer de glace en extension en début d’année suivante – François Lapointe rappelle que « comparer un hiver avec celui de l’année précédente a peu de sens ». Le spécialiste souligne qu’« il n’est pas surprenant que la glace de mer puisse augmenter en hiver. Avec le réchauffement, la fonte des glaciers et du pergélisol entraînera une augmentation de l’apport en eau douce dans les mers arctiques. Lorsque cette eau est agitée par de puissants vents froids de l’ouest, davantage de glace peut se former »…
Lire la suite sur 20 Minutes