Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

À qui appartient l’Arctique ?

Publié le 14.08.2023 - Article de Maxime Terracol du 16/06/2023 sur GEO
Région du Pôle Nord, en proie au réchauffement climatique, l’Arctique attise aussi les convoitises géostratégiques de plusieurs états sur la carte du monde. Une raison d’apprendre ou de revoir un peu l’identité de ce territoire des extrêmes

Sa superficie est d’environ 21 millions de km2. L’Arctique, immensité de glace, de terres et de mers, est une entité à part. Ni État, ni continent, elle est une zone qui englobe le Pôle Nord avec l’Océan Arctique et les parties septentrionales ou îles de huit états qui bordent ses mers glaciales : la Norvège, la Russie, le Canada, les États-Unis avec l’Alaska, le Danemark (notamment avec le Groenland qui est entièrement englobé dans l’Arctique), l’Islande, la Suède et la Finlande.

Frontière fictive

Historiquement, la ligne de Koppen représente sa frontière fictive. Elle correspond aussi à la ligne Isotherme 10°C qui est définit par les climatologues et les géographes ; une ligne qui délimite le globe en s’appuyant sur le relevé de 10°C maximum au mois de juillet, la période de l’année la plus chaude dans l’hémisphère nord. Au dessus de cette température maximale, vous sortez de l’Arctique. En dessous, vous y êtes. À noter, quand vous vous trouvez en Arctique, c’est la toundra qui régit le paysage. Les arbres n’y poussent pas à cause du froid. Le développement de la vie y est ralenti par des températures pouvant chuter jusqu’à -50°C et par une très faible luminosité une grande partie de l’année.

Un Conseil de coopération mis sur pause

L’Arctique est donc partagée entre huit pays mais n’appartient finalement à personne. Les superpuissances américaines et russes, avec le Canada, sont bien sûr les trois pays qui pèsent le plus au Conseil de l’Arctique, une instance intergouvernementale dont la mission est de prendre les grandes orientations pour la région. Crée en 1996 et évoluant sous la forme de rendez-vous bisannuels, ce forum vise à « promouvoir le développement durable de l’Arctique en matières sociales, économiques et environnementales ».

Il est donc question de développement durable, de préservation de la banquise, mais pas de paix ou de sécurité. Parmi les participants, outre les membres permanents du Conseil, il y a aussi plusieurs associations de peuples autochtones qui vivent en Arctique (ils sont environ 500.000 avec entre autres les Inuits, les Samis, les Iakoutes, les Nenets, les Aléoutes…). Des observateurs, comme la France, l’Allemagne, la Chine et des ONG… sont aussi conviés. La présidence du Conseil elle, est tournante tous les deux ans. Depuis mai 2021, c’est la Russie qui détient le siège mais du fait de la guerre en Ukraine et de la mise au ban de Moscou par une grande partie de la planète, le Conseil de l’Arctique a été mis à l’arrêt.

Des gisements qui bousculent l’ordre de la région

L’Arctique reste néanmoins une région très convoitée. La Russie, acteur déterminant qui possède près de la moitié du territoire polaire et 24 000 kilomètres de côtes, y a lancé un plan massif de remilitarisation en 2014. Les Etats-Unis ont emboité le pas en 2021 en lançant leur « plan de reconquête ». Pourquoi ? Pour défendre leur position sur une zone qui détiendrait 13% des réserves de pétrole et 30% du gaz naturel non découvert dans le monde. Une manne de plus en plus accessible grâce à la fonte accélérée des glaces due au réchauffement climatique. Au quatre coins de l’Arctique, des ressources minières jusque-là inaccessibles affleurent en raison de l’augmentation du thermomètre. C’est le cas par exemple au Groenland, dont le sous-sol se dévoile être très riche en uranium mais aussi en or, cuivre et en terres rares, indispensables aux nouvelles technologies…

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