Arctique, câbles sous-marins, zones disputées.. Une incontournable « géopolitique des mers »
Prenons le cas de figure suivant. Du fait de la fonte prématurée des glaces de l’océan Arctique, la Russie exporte désormais une partie conséquente de son gaz naturel par la route dite du Nord-Est, celle qui permet, depuis la Sibérie septentrionale, d’approvisionner par des méthaniers les gros clients que sont notamment le Japon, la Chine et l’Inde, sans avoir à contourner au nord-ouest l’Europe, Gibraltar et la péninsule Arabique. Le gain de temps (et donc d’argent) est considérable, et, en pleine tension avec l’Occident, Moscou prétend à plus de « sécurité ». Or, trop d’observateurs négligent une conséquence qui paraît a priori bien lointaine voire hypothétique à première vue de cette nouvelle route maritime, mais qui incarne pourtant très concrètement une menace redoutable à moyen terme sur… l’Egypte, Etat-clé du bassin Méditerranée/Moyen-Orient.
Effet-papillon climatique
Car si une partie considérable (pour l’heure, 5 % seulement) des supertankers et méthaniers transportant les hydrocarbures russes n’empruntent plus le canal de Suez, ce sera la première rente nationale d’une économie égyptienne déjà soutenue à bout de bras par ses alliés du Golfe qui en pâtira. Les glaces de l’Arctique fondent, l’Egypte souffre ; « niveaux d’analyse » sur de très grands espaces – pour reprendre le concept d’Yves Lacoste –, effet climatique « papillon », mise en danger économique et donc sociale d’un Etat déjà instable et fragile aux frontières brûlantes (Libye, Soudan, Gaza, Israël), importance déterminante des mers…
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