Arctique et Antarctique : une vague de chaleur sans précédent et simultanée s’abat sur les pôles
C’est la région la plus froide de la Terre avec des températures de -55 °C en moyenne dans l’année. Or, en ce moment, l’Antarctique est touché par une vague de chaleur sans précédent. La base de recherche de Concordia, installée sur le Dome C du plateau antarctique, à plus de 3 000 mètres d’altitude, a enregistré le 18 mars une « chaleur » record de -11,5 °C, « record absolu tous mois confondus, battant les -13,7 °C du 17 décembre 2016 » a twitté Étienne Kapikian, prévisionniste chez Météo-France.
Les températures sont d’autant plus impressionnantes qu’elles devraient en réalité chuter avec la fin de l’été austral. Or la base Dumont d’Urville, installée elle sur la côte de la Terre Adélie, a établi un record de douceur pour un mois de mars, avec +4,9 °C, et une température minimale record de +0,2 °C le 18 mars. « Les journées sans gel sont occasionnelles (à Dumont d’Urville), mais elles ne s’étaient jamais produites après le 22 février (en 1991) », a noté sur Twitter Gaëtan Heymes, de Météo-France . Il décrit un « événement historique de douceur sur l’est » du continent glacé, avec des températures de 30 à 35 °C au-dessus des normales saisonnières.
« Cette vague de chaleur dans l’Antarctique change ce que nous pensions possible pour la météo antarctique », indique Jonathan Wille, chercheur à l’Institut des géosciences de l’environnement à Grenoble. Tous les experts affirment la même chose : « Il y a deux jours, nous aurions dit que c’était impossible », résume le chercheur, Stefano Di Battista.
Un des signes les plus clairs du changement climatique
Même s’il n’est pas possible au moment précis où un événement se produit de l’attribuer au changement climatique, un des signes les plus clairs du réchauffement de la planète est la multiplication et l’intensification des vagues de chaleur. Les pôles se réchauffent encore plus vite que la moyenne de la planète qui a déjà gagné environ +1,1 °C depuis l’ère pré-industrielle. Cette vague de chaleur dans l’est de l’Antarctique intervient alors que fin février, la banquise de l’Antarctique avait atteint sa superficie la plus petite enregistrée depuis le début des mesures satellites en 1979, avec moins de deux millions de km2, selon le centre de recherche américain National Snow and Ice Data Center.
Les risques sont majeurs. « L’Antarctique c’est 90 % de la glace terrestre et 70 % de l’eau douce mondiale. Un différentiel de près de 40 °C sur cette eau douce a nécessairement des conséquences sur les échanges de masses d’eau », explique sur Twitter l’hydrologue et docteure de l’École des Mines, Emma Haziza. « Je n’ose imaginer les effets en cascade : fonte massive du permafrost, modification du milieu et de l’albédo… », ajoute-t-elle.
Et justement, une étude parue début mars et dirigée par l’Université de Leeds estime que le permafrost pourrait bientôt franchir un point de non-retour. En Arctique aussi, la chaleur est de mise. Le même jour, le 18 mars, les experts ont enregistré des températures plus chaudes de 30 °C par rapport à la moyenne, rapporte Associated Press.
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Voir aussi l’article de Sébastian Seibt du 23/03/2022 sur France 24, ainsi que l’article de Karine Durand du 23/03/2022 sur Futura