Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

Arctique : la banquise s’affine de jour en jour, menaçant la survie de la faune

Publié le 29.03.2023 - Article de Cheryl Katz du 17/03/2023 sur National Geographic
D’après une étude qui vient de paraître, les changements structurels de l’Arctique ont été abrupts et impactent durement la vie des ours polaires comme des algues les plus minuscules

En avril 1895, lorsque le célèbre explorateur norvégien Fridjtof Nansen entreprit de traverser l’océan Arctique en traîneau pour atteindre le pôle Nord, d’interminables rangées de crêtes de pression hachèrent sa course. « À perte de vue, je n’aperçois qu’un chaos de glace tourmentée », écrivit-il dans son compte rendu d’expédition intitulé Vers le pôle. Le tractage d’un traîneau pour passer par-dessus aurait « suffi à épuiser des géants ».

Selon une étude parue dans la revue Nature mercredi, ce paysage de glace noueux qui contraria Fridjtof Nansen appartient désormais en grande partie au passé. La banquise de l’Arctique a subi un bouleversement structurel abrupt, irréversible et lourd de conséquences ; l’épaisse couche de glace et les crêtes ont laissé la place au décharnement et à un relief uniforme. Ce bouleversement s’est produit vers 2007, année où le recul de la banquise, qui n’avait jamais été si prononcé en été, a déclenché une boucle de rétroaction provoquant augmentation de la température de l’océan et chute drastique de la quantité de glace.

Lorsque des fragments de banquise (floes) entrent en collision, la glace plus fine a tendance à se briser à cause de la pression plutôt qu’à former des crêtes ; celles-ci, qui font penser à un accordéon, se forment lorsque la glace s’épaissit. La glace mince et plate se déplace également plus rapidement dans l’océan, ce qui laisse à ces fragments moins de temps pour s’étoffer et nuit aux animaux dont la survie en dépend.

« La banquise est à l’écosystème arctique ce que la terre est à la forêt », fait observer Flavio Lehner, climatologue de l’Université Cornell et de l’association Polar Bears International. « Des changements rapides comme ceux-ci vont affecter l’ensemble de la faune et de la flore qui dépendent de la glace, qu’il s’agisse des algues minuscules vivant sous la glace ou des superprédateurs comme les ours polaires ».

Les crêtes de pression (ou rides de pression) étoffent la banquise arctique et la rendent plus robuste. Vues d’en haut, elles ressemblent « à des briques de Lego assemblées en une pile allongée », illustre Mats Granskog, membre de l’équipe de recherche qui surveille depuis 1990 la banquise du détroit de Fram, principale ouverture de la région sur l’océan Atlantique. Cette glace épaisse et ridée a diminué de moitié depuis 2007, selon Hiroshi Sumata, auteur principal de l’étude, et ses collègues de l’Institut polaire norvégien…

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