Arctique : malgré Total, la France interdit à ses banques d’investir dans la giga-usine russe de gaz liquéfié
Dans ce gigantesque projet d’usine de gaz liquéfié (GNL, ou LNG en anglais) implanté en Arctique russe, la France brille par son absence, pas dans un sens péjoratif cette fois, puisqu’il est question de sauvegarde de la planète.
Mais ce boycott français semble loin de suffire à arrêter le train en marche car le projet Arctic LNG-2 a obtenu près de 10 milliards d’euros de financement de la part d’un certain nombre de banques internationales, dont la moitié sont russes, selon une annonce publiée mardi.
Arctic LNG-2 gère et détient l’ensemble des actifs de cette co-entreprise. Les opérateurs qui ont une participation directe au projet sont : le russe Novatek (60%), les 40% restants se partageant à égalité avec ces quatre autres entités : le français TotalEnergies (10%), les chinois CNPC (China National Petroleum Corporation, 10%) et CNOOC (China National Offshore Oil Corporation, 10 %) et les japonais de Japan Arctic LNG, un consortium constitué de Mitsui&Co et de Jogmec (Japan Oil, Gas and Metals National Corporation) comptant aussi pour 10%.
Le magazine Capital précise que, sachant que le pétrolier français « Total possède également une participation indirecte de 11,6% dans le projet via les 19,4% qu’il détient dans le capital de Novatek, sa participation économique globale dans le projet s’élève en fait à 21,6% ».
Les banques russes financent près de la moitié du projet
Les responsables du projet ont déclaré avoir reçu l’assurance de pouvoir emprunter auprès de banques et d’institutions internationales jusqu’à 9,5 milliards d’euros sur une période allant jusqu’à 15 ans.
De cette somme totale, 2,5 milliards d’euros seront fournis par des banques chinoises, dont la Banque de développement de Chine et la Banque d’exportation et d’importation de Chine. Le groupe indique que 2,5 milliards d’euros supplémentaires seront prêtés par des institutions financières de l’OCDE. Le communiqué précise que la Banque japonaise pour la coopération internationale en fait partie, sans nommer les autres.
Enfin, le gros de la somme – soit 4,5 milliards d’euros – sera fourni par un syndicat de banques russes, comprenant notamment Sberbank, Gazprombank et sa filiale Bank GPB International.
Macron désavoue le projet, BPIFrance n’apporte pas sa garantie à l’export
En revanche, la banque publique d’investissement française Bpifrance n’a pas apporté de garantie à l’export pour le projet, a-t-on indiqué de source proche du dossier à Paris.
La France avait déjà indiqué sa réticence à soutenir ce projet. Elle « n’attendra pas les lois pour prendre toutes les mesures qu’elle peut prendre pour que rien de la biodiversité dans la région arctique ne puisse être dégradé par des projets économiques portés par des entreprises », avait déclaré le président Emmanuel Macron au congrès mondial de la nature de l’UICN à Marseille début septembre.
Aucune banque commerciale française n’est par ailleurs présente dans le tour de table, a précisé la source proche du dossier…
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