Baie de Baffin
Dans le Haut-Arctique, la baie de Baffin – ou mer de Baffin – est bornée à l’est par le Groenland, à l’ouest par la plus grande des îles arctiques canadiennes, la Terre de Baffin, et au nord par l’île Ellesmere, principale île de l’archipel de la Reine-Élisabeth. Elle relie l’océan glacial Arctique à l’océan Atlantique Nord via plusieurs détroits : l’étroit chenal de Nares et les détroits de Jones et Lancastre au nord, le large détroit de Davis au sud.
D’une superficie de 689~000 km2 (plus vaste que la France, le Bénélux et la Suisse réunis), ce golfe s’étend sur 1~500 km de long et 500 km de large. Sa profondeur moyenne est généralement inférieure à 1~000 mètres mais atteint les 2~500 mètres le long de sa zone médiane.
La majeure partie de l’année, la baie n’est pas navigable : vaste banquise qui la recouvre de novembre à juillet, présence dans les chenaux d’eau libre de glaces flottantes et d’icebergs issus du vêlage des glaciers de la côte ouest du Groenland, en grand nombre à la fin de l’été. Mais la situation est contrastée entre les parties occidentale et orientale de la baie puisqu’à l’est, le long du Groenland, la glace se forme plus tardivement et la débâcle intervient plus tôt qu’à l’ouest. Ces conditions de glace reflètent l’influence des courants marins sous-jacents : à l’est, les eaux de surface sont sous l’influence du courant du Groenland occidental, relativement chaud, s’écoulant vers le nord le long de la côte ouest-groenlandaise, tandis qu’à l’ouest transitent en direction du midi, le long de l’île de Baffin, les eaux froides du courant de Baffin provenant de l’océan Arctique.
Dans la partie septentrionale de la baie de Baffin, à l’entrée du détroit de Nares, se trouve la plus grande polynie récurrente du Canada – les « eaux du Nord » – qui couvre environ 70~000 kilomètres carrés (soit deux fois la Bretagne). Cette zone de forte productivité biologique constitue un lieu d’habitat privilégié pour un million d’oiseaux de mer, ainsi qu’un site essentiel de subsistance pour des millions d’autres, tels les mergules nains et les guillemots de Brünnich, dont les deux tiers de leur population mondiale s’y concentre en été.