Biodiversité dans l’Arctique : « la plus grande menace, c’est le changement climatique »
Regard sur l’Arctique : Si l’on observe ce qui se passe au-delà du 66e parallèle, quelles sont les grandes menaces à la biodiversité à l’heure actuelle ?
Dominique Berteaux : Le changement climatique, c’est vraiment ce qui domine. Et surtout, plus on va au nord, plus ça domine. Parce qu’il y a une amplification, ça se réchauffe encore plus quand on va plus vers le nord. Et on constate une remontée des espèces vers le pôle.
Chez les animaux, souvent les espèces nordiques sont extrêmement adaptées à des conditions très difficiles, mais elles ne sont pas très bien adaptées à la compétition. Donc, si une nouvelle espèce arrive, dont l’arrivée est permise par le réchauffement du climat, cette nouvelle espèce va facilement prendre la place de l’autre par compétition.
C’est le cas, par exemple, avec les renards arctiques et les renards roux. On voit les renards roux qui réussissent à gagner du terrain vers le nord, entre autres à cause du réchauffement du climat. Et donc, ils poussent les renards arctiques plus au nord. C’est un exemple typique.
Il y a aussi beaucoup d’espèces d’oiseaux qui sont menacées. Celles qui sont typiques des régions boréales, donc des espèces de régions relativement froides, mais pas arctiques, ont tendance à remonter dans l’Atlantique Nord, par exemple, et les espèces typiquement arctiques à refluer plus au nord. Parce qu’il y a un changement dans les ressources de l’océan et les oiseaux qui mangent ces ressources suivent un peu leur nourriture, finalement.
On pourrait trouver des exemples dans tous les groupes, chez les insectes, chez les plantes.
Ensuite, la deuxième grande menace, c’est la destruction d’habitats et la pollution. Ça s’atténue tout de même au fur et à mesure qu’on se déplace vers le nord, parce qu’il y a moins de présence humaine, mais c’est important.
Ensuite, les menaces proviennent de la surexploitation de certaines populations, de l’introduction d’espèces envahissantes ou encore du tourisme qui se développe, notamment les bateaux de croisière.
À ce sujet, le problème est que dans le Grand Nord, on a peu de moyens de réaction. Donc, si on imagine un bateau qui a un accident, les conséquences écologiques peuvent être beaucoup plus importantes que si le même accident se produit plus au sud. Dans l’Arctique, on a beaucoup moins de capacité à réagir et les milieux ont beaucoup moins de capacité à absorber, par exemple, les déversements de pétrole ou de carburant.
Finalement, pour le milieu aquatique, on constate une acidification de l’océan Arctique, ce qui se produit parallèlement au réchauffement climatique. L’eau s’acidifie avec l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, ce qui a des conséquences pour beaucoup d’espèces…
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