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ISSN : 2755-3755

BOMBE CLIMATIQUE – Pêche climaticide : avec le chalutage de fond, le CO2 enfoui dans les profondeurs regagne en masse l’atmosphère

Publié le 22.01.2024 - Article de Margaux Lacroux du 18/01/2024 sur Libération
Cette pratique controversée consistant à ratisser les fonds marins libère deux fois plus de dioxyde de carbone que la consommation de carburant des bateaux, révèle une étude publiée ce jeudi 18 janvier. Cela renforce le réchauffement climatique et l’acidification des océans

C’est une raison de plus pour encadrer strictement, voire interdire, le chalutage de fond. On savait que cette technique de pêche contestée, qui consiste à racler les fonds océaniques avec d’immenses filets pour ramasser les poissons, attrape tout et trop, et détériore les habitats marins, mais ce n’est pas tout. Une étude scientifique publiée ce jeudi 18 janvier dans la revue Frontiers in Marine Science avertit que cette pratique contribue à libérer du CO2 en masse. Elle serait « responsable de l’injection de jusqu’à 370 millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère chaque année », affirment ses auteurs américains et australiens dans un communiqué. Dans leur étude, ces derniers précisent que c’est le « double de l’estimation des émissions annuelles dues à la combustion de carburant pour l’ensemble de la flotte de pêche mondiale ». La plus grande empreinte climatique provient du chalutage dans l’est de la Chine, la mer Baltique, la mer du Nord ainsi que dans la mer du Groenland.

Des émissions non comptabilisées par les pays

Les océans sont nos alliés dans la lutte contre le changement climatique. Ces puits de carbone engloutissent près de 30 % des émissions de CO2 libérées dans l’atmosphère. Mais le passage des filets dans les profondeurs remet en suspension une partie du carbone enfoui dans les sédiments du plancher océanique. « Ce n’est que récemment que nous avons découvert que le chalutage de fond libère des panaches de carbone, qui autrement seraient stockés en toute sécurité pendant des millénaires dans le fond des océans », explique Trisha Atwood, de l’Université d’Etat de l’Utah.

Fondé sur des données concernant le chalutage de fond à l’échelle mondiale entre 1996 et 2020, l’article révèle que 55 % à 60 % du dioxyde de carbone ainsi soulevé remonte à la surface et se retrouve dans l’atmosphère dans un délai de neuf ans. En s’échappant, il contribue ainsi au changement climatique. Un phénomène inquiétant alors que l’humanité s’efforce de réduire ses émissions. « A l’heure actuelle, les pays ne tiennent pas compte des émissions de carbone importantes du chalutage de fond dans leurs plans d’action climatique », relève l’ancien universitaire et explorateur Enric Sala.

L’étude précise aussi que l’autre partie du CO2 soulevé, soit 40 % à 45 %, se dissout dans l’eau et renforce l’acidification des océans. Une mauvaise nouvelle pour certaines espèces marines, car ce changement de pH perturbe le métabolisme et la structure des coquilles et autres squelettes. « Cette acidité accrue endommage la vie végétale et animale de la zone où se déroule l’activité de pêche », concluent les scientifiques…

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