Canicules, incendies, fonte des glaces… Comment l’Arctique traverse l’été de tous les records
Un mois de juin brûlant
Les quelque 1 300 habitants de la petite ville de Verkhoïansk s’y connaissent en températures extrêmes. Au cours de l’hiver 1893, la station météorologique fraîchement implantée dans ce coin reculé de Russie, aux portes de l’Arctique, a relevé -67,8 °C. Ces hivers comptent depuis parmi les plus rigoureux de la planète. L’été, les normales tournent autour de 15 °C mais il n’est pas rare que la température flirte avec les 30 °C, faisant de la commune – un port sur la rivière Yana, un petit aéroport, une poignée d’entrepôts de fourrure et des maisons en bois à plus de 4 000 km au nord-est de Moscou – une championne du monde de l’amplitude thermique.
Ce samedi 20 juin, la petite station attire l’attention des météorologues car il y fait 38 °C. Un record au-delà du cercle polaire. Aussitôt, les services de météorologie russe se chargent de vérifier qu’il ne s’agit pas d’une erreur, d’un bug ou du délire d’instruments vétustes et défectueux. Quelques jours plus tard, ils confirment que le thermomètre a grimpé jusqu’à 38 °C à Verkhoïansk, mais le mercure n’est pas descendu sous les 30 °C pendant dix jours d’affilée. « La surface du sol chauffe intensément. Les ’nuits’ sont très chaudes et l’air n’a pas le temps de se refroidir », explique Marine Makarova, météorologue en chef de Guidrometsentr, l’agence météo russe, à l’agence Associated Press. Et pour cause, en cette fin du mois de juin, le soleil ne se couche pas à ces latitudes.
« La nature est probablement en train de se venger », tranche de son côté le maire du village de Russkoye Ustye, appelé par le correspondant en Russie du New York Times à réagir aux 31 °C qui touchent sa bourgade du bout du monde. Dans les grandes villes de Iakoutie, les télévisions et agences filment baignades, ombrelles et cornets de glace. Mais si les villes suffoquent, les grands espaces, eux, partent en fumée.
Les incendies sont fréquents en Sibérie. Mais cette année, ils se déclenchent dans ses parties les plus septentrionales, s’alarme l’antenne russe de Greenpeace. « Non seulement les incendies sont plus gros et plus intenses, mais on en trouve dans des endroits où il n’y en avait pas avant », relève sa porte-parole Tatiana Vasilieva dans un courriel à franceinfo.fr. « Avant 2019 et 2020, nous n’avions jamais vu autant de points chauds dans l’Arctique », explique-t-elle, en ajoutant en pièce jointe les données recueillies par le satellite Modis de la Nasa. Celles-ci montrent une multiplication par trois du nombre de ces points chauds entre 2001 et 2020 et une spectaculaire flambée sur le nord de la Sibérie à partir de 2019…
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Voir aussi l’article de Stanislas Poyet du 13/08/2020 sur Le Figaro