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ISSN : 2755-3755

Changement climatique : les Aléoutes, peuple ancestral d’Alaska, face à la disparition du crabe des neiges

Publié le 20.07.2023 - article de Nastasia Michaels du 19/07/2023 sur GEO
Entre 2018 et 2022, 10 milliards de crabes des neiges ont disparu de la mer de Béring à cause du changement climatique. Une journaliste du média Grist est partie à la rencontre des habitants de l'île Saint-Paul en Alaska, lourdement affectés par cette catastrophe

À ne pas confondre avec l’île du même nom dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), l’île Saint-Paul en Alaska (Etats-Unis), dans l’archipel des Pribilof, ne compte que quelque 330 habitants sur une surface équivalente à la ville de Paris, soit une centaine de kilomètres carrés.

La population est essentiellement constituée d’Unangax̂. Plus communément appelée « Aléoute », cette ethnie de l’ensemble culturel inuit fut transportée de force par les Russes depuis ses îles aléoutiennes natales vers les îles Pribilof au 18e siècle.

Mis en esclavage par les colons pour y chasser le phoque, les Aléoutes de Saint-Paul passèrent sous domination des États-Unis en 1867. Vers la fin du 20e siècle, les Américains leur imposèrent une nouvelle activité : la pêche au crabe des neiges (Chionoecetes opilio).

Le crabe des neiges vit dans les masses d’eau froide (2 °C) qui se forment au fond de la mer de Béring. Dans une eau plus chaude, le crustacé voit ses besoins alimentaires grimper en flèche, risquant ainsi davantage de mourir de faim. D’où, expliquent les chercheurs, une chute drastique de ses effectifs avec le changement climatique.

Le changement climatique, la goutte d’eau pour les Aléoutes

Entre 2018 et 2022, 10 milliards de crabes des neiges ont disparu de la mer de Béring. Comment les Aléoutes de Saint-Paul ont-ils vécu cette catastrophe ? C’est ce qu’a tenté de comprendre la journaliste Julia O’Malley pour le média Grist (5 juillet 2023).

Sur Saint-Paul, « il n’y a pas si longtemps, au plus fort de la saison du crabe, à la fin de l’hiver, les travailleurs temporaires de l’usine doublaient la population de la ville, décortiquant, cuisant, congelant et mettant en boîte 100 000 livres [environ 45 000 kg] de crabe des neiges par jour », écrit la reporter. Au cours d’une année normale, les taxes et les investissements locaux pouvaient alors rapporter à l’île plus de 2 millions de dollars américains.

Mais cela, c’était avant le « crash des crabes ». « En 2021, les autorités fédérales ont fortement limité les prises [de crabe] autorisées. En 2022, elles ont fermé la pêche pour la première fois depuis 50 ans. Les pertes subies par l’industrie […] se chiffrent en centaines de millions de dollars. Saint-Paul a perdu près de 60 % de ses recettes fiscales du jour au lendemain ». Bilan, « l’urgence culturelle, sociale et économique a été déclarée ».

Toutefois, il faut aussi tenir compte du contexte. « La population de Saint-Paul [à son apogée au début des années 1990, avec quelque 700 âmes] diminuait déjà avant la crise du crabe. Les jeunes étaient partis pour profiter des opportunités d’éducation et d’emploi, et les personnes âgées pour se rapprocher des soins médicaux », nuance la journaliste. Ainsi, le changement climatique représente la goutte d’eau qui a fait (littéralement) déborder le vase…

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