Charbon, pétrole, gaz : les trois plaies du climat continuent de prospérer
… La mécanique climatique est implacable. Dans un rapport publié fin octobre, l’ONU Environnement rappelle que, pour conserver une chance de contenir la hausse de la colonne de mercure sous le seuil de 2 °C par rapport au niveau préindustriel, il est urgent de tourner la page des énergies fossiles, en laissant dans le sous-sol entre 80 % et 90 % des réserves connues de charbon, un tiers de celles de pétrole et la moitié de celles de gaz.
Charbon, pétrole, gaz : les trois carburants du réchauffement climatique, sources des 4/5es de la production mondiale d’énergie primaire et responsables de près des 9/10es des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Un cocktail délétère dont le charbon est le composant le plus nocif, puisqu’il pèse pour plus de 40 % dans les émissions du secteur fossile.
L’humanité est loin d’avoir renoncé à cette triple addiction. Les derniers chiffres du consortium scientifique du Global Carbon Project, divulgués début novembre, montrent que, après trois années de stabilisation, les rejets mondiaux de CO2 issus de la combustion de ressources fossiles et de l’industrie sont repartis à la hausse en 2017, progressant de 2 %. Cela, en raison principalement du recours accru du géant chinois (+ 3,5 %) à ces énergies carbonées…
… En dépit d’une croissance ralentie, le pétrole demeurera la première source d’énergie selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie, dont le directeur exécutif, Fatih Birol, note qu’il est « trop tôt pour écrire son avis de décès ». Quant au charbon, si l’agence annonce qu’il est « hors jeu », c’est pour signifier non pas sa disparition du paysage énergétique, mais « la fin des années fastes » : le parc de centrales électriques alimentées par ce combustible, qui s’est accru de 900 gigawatts (GW) sur la période 2000-2016, ne devrait augmenter que de 400 GW d’ici à 2040.
L’ère charbonnière n’est donc pas encore révolue. L’ONU Environnement a recensé près de 6 700 centrales à charbon en fonctionnement dans le monde. Si elles étaient exploitées sur la totalité de leur durée de vie prévue – environ quarante ans –, leurs émissions de CO2 cumulées atteindraient 190 milliards de tonnes (gigatonnes ou Gt). Presque cinq fois le total annuel de l’ensemble des émissions anthropiques. Avec les centrales en construction ou en projet, le volume des rejets grimperait à 330 Gt. De quoi ruiner tout espoir de rester sous la barre de 2 °C de réchauffement.
L’emballement climatique est-il alors inévitable ?…