Claude Lorius distingué aux États-Unis
Vous accompagnez cette semaine aux États-Unis Claude Lorius, lauréat du « Bower Science Award » du comité de l’institut Franklin, pour ses recherches pionnières sur le changement climatique. Cette nouvelle récompense vient s’ajouter à un palmarès déjà impressionnant…
Jérôme Chappellaz : Oui, Claude Lorius a déjà reçu de nombreux témoignages de reconnaissance. En France, avec la médaille d’or du CNRS en 2002, conjointement décernée à Jean Jouzel, son complice scientifique de longue date. Mais aussi sur le plan international, avec le prix Tyler, le prix Blue Planet, le prix Balzan… Cette nouvelle récompense revêt une saveur particulière toutefois, par la liste impressionnante de scientifiques de haut vol déjà récompensés par cet institut depuis 200 ans (Tesla, Einstein, Marie Curie…), mais aussi compte tenu du contexte climatosceptique exprimé au plus haut niveau de l’État américain depuis l’automne dernier… Claude a revêtu à nouveau le smoking pour l’occasion, comme au festival de Cannes en 2015, qu’il clôturait avec le film de Luc Jacquet, La Glace et le Ciel, consacré à sa vie de scientifique.
Ces récompenses, c’est surtout l’occasion de mettre un coup de projecteur sur le fonctionnement de la recherche en général, telle que Claude a pu la vivre avec son équipe : un long processus de tâtonnement intellectuel exigeant de la patience, de l’intuition, de la prise de risque, une équipe ingénieuse et soudée autour de soi, pour éventuellement aboutir après des décennies d’effort. Mais c’est aussi l’occasion d’attirer les regards vers l’anthropocène, cette nouvelle ère géologique qui voit l’humanité laisser son empreinte indélébile sur l’environnement planétaire, et devant laquelle nous ne pouvons rester les bras croisés à regarder. C’est le combat de Claude depuis des décennies.