Dans 100 ans, les “traces” de la pandémie de Covid-19 seront visibles dans la glace
Dans les régions les plus fraîches de la planète, la glace ne fond pas. La neige s’accumule, piégeant finalement avec elle des contaminants retrouvés dans l’atmosphère au moment de sa formation. En forant des carottes de glace à des endroits stratégiques, les chercheurs peuvent alors prélever de véritables “capsules temporelle” témoignant des événements passés.
À titre d’exemple, le début de la révolution industrielle, à la fin des années 1700, est clairement visible dans les échantillons de glace datant de cette époque. En témoigne la présence de produits chimiques, tels que le sulfate et le nitrate, ou encore de plomb. Les carottes de glace documentent également l’adoption de la Clean Air Act en 1970, après quoi les concentrations atmosphériques de sulfate ont diminué.
Ces échantillons peuvent également témoigner de catastrophes qui ont gravement affecté notre civilisation. Au cours d’une sécheresse majeure essuyée entre 1345 et 1390, les lacs et autres eaux intérieures se sont asséchés, modifiant la composition chimique de l’atmosphère (moins d’humidité, plus de poussière).
À cause de cette sécheresse, de nombreuses populations se sont éloignées des terres agricoles pour vivre dans les villes. Les humains se sont alors regroupés, facilitant finalement la propagation des maladies. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la grande pandémie de peste noire, qui reste aujourd’hui la plus meurtrière de toute l’histoire humaine, s’est déclarée au cours de cette période.
Là encore, les carottes de glace témoignent de cet événement sanitaire. Sur certains glaciers, la glace formée au cours de cette période contient en effet moins de plomb que les échantillons formés au cours des années précédentes. Probablement parce que les activités d’extraction et de fusion ont fortement chuté pendant la pandémie.
La pandémie de Covid-19 visible elle aussi
Mais cette pandémie de peste noire ne sera pas la seule à rester gravée dans les mémoires glacées. Celle du Covid-19, toujours en cours, devrait également laisser des traces.
De récentes études ont en effet témoigné de la manière dont cette pandémie affecte l’atmosphère terrestre. Des images de la Nasa, par exemple, nous ont révélé il y a quelques semaines une chute spectaculaire des niveaux de pollution en Chine. Des cartes, plus récentes, ont également relevé une forte baisse de la pollution atmosphérique en Europe ou encore dans le nord de l’Inde.
Cette diminution des niveaux de pollution (principalement du dioxyde d’azote et du dioxyde de carbone) se reflétera forcément dans les niveaux de nitrate et de sulfate contenus dans les carottes forées par les futurs chercheurs…