Dans l’Arctique russe, l’irréductible Nénétsie
Situé au bord de l’Océan arctique glacial, le district autonome de Nénétsie a été secoué en mai par une vague de protestations contre la fusion annoncée avec la région voisine d’Arkhanguelsk, un projet destiné à mieux orchestrer l’exploitation des richesses et les défis logistiques des deux territoires.
Cette idée a finalement été enterrée après que la Nénétsie, grande comme la moitié de l’Allemagne mais peuplée de seulement 44.000 habitants, a fait savoir son opposition de manière tonitruante : le 1er juillet, elle fut la seule région de Russie à rejeter (55% contre) la révision constitutionnelle renforçant les pouvoirs de Vladimir Poutine.
Un signal clair avant l’élection du nouveau chef du district.
« Le président peut rester au pouvoir s’il le souhaite, mais que personne ne touche à notre autonomie ! », martèle Viktoria Bobrova, 57 ans, une militante locale et haute-fonctionnaire à la retraite. « On va continuer le combat lors du scrutin régional de septembre ».
– Chamanisme et peaux de bêtes –
Soumise à un climat extrême, la Nénétsie est connue pour ses éleveurs de rennes nomades vivant dans les immenses espaces du Grand Nord. Un mode de vie ancestral, fait de tentes en bois, de chamanisme et de peaux de bêtes.
Les peuples autochtones, mais aussi une partie de la majorité russe, craignent de voir ces spécificités sacrifiées sur l’autel des priorités stratégiques du Kremlin : l’exploitation des matières premières de l’Arctique et de la voie maritime commerciale du Nord, facilitée par le recul des glaces dû au changement climatique.
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