De gigantesques incendies obscurcissent l’Arctique et le ciel sibérien
L’Arctique brûle. Depuis le début du mois de juin, de gigantesques feux de forêt consument de larges pans de forêts boréales, en Sibérie d’abord, mais aussi en Alaska et même au Groenland. Favorisés par des hautes températures estivales, de faibles précipitations et un régime des vents favorable, les incendies se multiplient dans ces zones peu habitées et recouvrent de fumées les villes et les paysages environnants. Au risque de peser sur la santé des habitants et de modifier le climat.
« Nous faisons face à des feux sans précédent et très concentrés depuis le début de nos mesures en 2003 » décrit Mark Parrington, scientifique spécialiste des feux de forêts au service européen de surveillance de l’atmosphère Copernicus, qui exploite des données satellitaires pour jauger en temps réels l’intensité des brasiers. Un constat inquiétant en raison des rejets de dioxyde de carbone qu’occasionne la combustion de ces écosystèmes.
Des rejets de CO2 alarmants
D’un point de vue climatique, les données recueillies par Copernicus à propos des incendies couvrant les espaces, pourtant froids et humides, de l’Arctique, sont alarmantes. Le mois de juin avait déjà fait sensation : le cercle arctique a connu plus de 100 incendies d’ampleur, entraînant l’émission de 50 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent des rejets annuels de la Suède. Un chiffre deux fois supérieur au précédent record qui datait de 2004. Juillet a continué sur la même lancée puisque les incendies ont répandu 79 millions de tonnes de CO2 supplémentaires dans l’atmosphère.
Face à la réalité du terrain, ces estimations pourraient pourtant être sous-évaluées en raison des écosystèmes si particuliers de ces régions. Comme l’alerte le géographe Thomas Smith sur Twitter, la localisation des feux et leur évolution parfois lente indique que certains ne brûlent pas seulement des arbres ou de la toundra, mais aussi des tourbières. Ces zones humides, gorgées d’eau stagnante et peu oxygénée, permettent l’accumulation d’importantes quantités de matières organiques sous forme de tourbe. Or, sur les tourbières, les feux évoluent différemment et peuvent consumer la terre en profondeur, parfois durant des mois…
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