Recherches Arctiques

Actualités de la recherche scientifique
ISSN : 2755-3755

De l’Arctique à l’Antarctique : quand les pôles opposés s’attirent

Publié le 26.04.2022 - Article de Loïc Mangin du 21/04/2022 sur Pour la Science
Un symposium a récemment réuni des spécialistes de l’Arctique et de l’Antarctique. L’objectif de cet événement inhabituel ? Dresser un état des lieux de la science et surtout se mettre en ordre de bataille pour mieux étudier et protéger ces zones particulièrement fragiles

Le 21 juillet 1983, une température de – 89,2 °C était enregistrée à la station russe de Vostok, en Antarctique. C’est à ce jour le record mondial de froid. Sera-t-il un jour battu ? Pas sûr, tant les hausses de température touchent l’ensemble du globe, les pôles n’étant pas épargnés. Pour preuve, entre le 16 et 20 mars 2022, des records cette fois de chaleur ont été atteints, avec des écarts allant jusqu’à plus de 35 °C avec les normales.

À Vostok, par exemple, on a relevé le 17 mars – 17,7 °C au lieu des – 52,9 °C habituels, soit un écart de 35,2 °C ! La situation à l’autre bout du monde, en Arctique, n’est pas plus réjouissante. En 2021, l’extension de la glace de mer a été la dixième plus faible jamais enregistrée par satellite, et une température de plus 38 °C a été enregistrée à Verkhoïansk, à l’extrême nord de la Sibérie, le 20 juin 2020.

Qu’il s’agisse du pôle Nord ou du pôle Sud, la situation n’est guère reluisante et l’influence du réchauffement climatique s’y fait cruellement ressentir, et même plus qu’ailleurs : ainsi, la température augmente 3 fois plus vite en Arctique que dans le reste du monde. Les deux régions font partie de la cryosphère, c’est-à-dire l’ensemble des régions où de l’eau à l’état solide est présente.

En septembre 2019, un rapport spécial du Giec sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique (Srocc) a souligné la nécessité de mieux comprendre l’étendue et la portée des changements dans les régions polaires, ainsi que leur incidence sur les systèmes sociaux, économiques et environnementaux mondiaux. C’était tout l’enjeu du symposium « The cold is getting hot » (le froid se réchauffe), organisé récemment à Monaco par la Fondation Prince Albert II de Monaco, le comité scientifique pour la recherche en Antarctique (Scar, pour Scientific committee on Antarctic research) et le Comité international des sciences arctiques (Iasc, pour International Arctic science committee), en collaboration avec l’Institut océanographique de Monaco, l’Initiative internationale pour le climat et la cryosphère (ICCI, pour International cryosphere climate initiative) et la Décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable. L’association des jeunes chercheurs sur les milieux polaires (Apecs, pour Association of polar early career scientists) est également de la partie : deux membres exposaient leurs travaux à chaque session du symposium. Les noms des organisateurs (Scar et Iasc) le montrent, Arctique et Antarctique étaient conviés. Cela semble tomber sous le sens, mais ce n’est en réalité pas évident.

Les deux pôles réunis

Certes les deux pôles sont particulièrement menacés, et Robert Calcagno, directeur de l’Institut océanographique de Monaco, le rappelait en préambule à l’événement : « Ils sont tous les deux impactés par les activités humaines, comme la pollution, le tourisme, les routes commerciales et la surexploitation halieutique, l’extraction minière… On les a longtemps crus – un peu – protégés par leur inaccessibilité, ce n’est pas le cas. À titre d’exemple, dans l’océan Austral, les pêches au krill, ces petits crustacés à la base de nombreuses chaînes alimentaires, ont été multipliées par dix ces vingt dernières années. Qui plus est, les perturbations dans les régions polaires ont des conséquences directes sur le climat mondial, sur les systèmes vivants et sociaux. Nous sommes donc tous directement concernés par les bouleversements que connaissent ces régions ». Pourtant, c’est, sinon inédit, du moins très rare que les deux communautés, celle des scientifiques spécialistes de l’Arctique et celle de leurs homologues de l’Antarctique se rencontrent. Or il y a urgence : les rapides bouleversements environnementaux dans ces régions nécessitent une collaboration accrue et plus de synergie entre les travaux des différents chercheurs pour mettre à la disposition des décideurs des données scientifiques de façon plus rapide et plus globale…

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