Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

Début des manœuvres Cold Response de l’Otan : «Il va faire chaud dans l’Arctique»

Publié le 18.03.2022 - Article de Franck Alexandre du 13/03/2022 sur RFI (entretien avec Mikaa Mered)
À partir de ce lundi 14 mars et jusqu'au 1er avril prochain, l'Otan va mener un exercice majeur en Norvège, un exercice qui se déroule tous les deux ans. Son nom : Cold Response. 30 000 militaires de 23 pays vont s'entrainer dans le Grand Nord et le grand froid, face à la Russie. Entretien avec Mikaa Mered, professeur de géopolitique des pôles

Ces manœuvres, auxquelles participent 27 pays, étaient prévues depuis longtemps. Elles seront essentiellement défensives, rapporte notre correspondant à Stockholm, Frédéric Faux. Pour ne pas gêner la Russie, elles vont aussi se dérouler loin de ses frontières, les exercices les plus proches ayant lieu à plus de 450 km. Il n’empêche que ce déploiement de 14 000 soldats d’infanterie, de 8 000 marins, et de 8 000 membres des forces aériennes, qui va durer jusqu’à la fin avril, risque d’irriter encore un peu plus Moscou.

Pour l’Otan, il s’agit de voir comment ces différents éléments peuvent combattre dans un environnement hostile, celui du Grand Nord. D’autant plus que l’Arctique, et les pays baltes, pourraient être les prochaines cibles de Vladimir Poutine.

Autre source possible de conflit : la Suède et la Finlande participent à ces manœuvres. Les deux pays ne sont pas membres de l’Otan, mais ils s’en sont beaucoup rapprochés depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014. Comme le veut la tradition militaire, l’Otan a invité la Russie à assister à ces manœuvres, avec le statut de pays-observateur. Mais cette fois, elle a refusé.

RFI : Cold Response est un exercice de l’Otan prévu de longue date, mais qui intervient dans un contexte tendu avec l’invasion russe de l’Ukraine…

Mikaa Mered : Il va faire très chaud dans l’Arctique. Mais c’est tout à fait normal qu’il y fasse chaud, ou en tout cas que les armées otaniennes s’entraînent dans l’Arctique. Et ce, pour trois raisons : la première, au-delà d’envoyer un message à la Russie, il s’agit d’abord et avant tout de ré-apprivoiser cet environnement stratégique. Un environnement que les Américains et d’autres – à part les États de la région – maîtrisent mal ou doivent remaîtriser, par rapport à la réouverture d’un flanc nord dans le cadre d’un conflit potentiel avec la Russie. La Russie que l’on ne nomme jamais dans ce genre d’exercice.

La deuxième raison, c’est tout simplement que l’exercice de 2020 de Cold Response avait été écourté à cause de la pandémie. Cela avait été un souci, notamment pour les Français qui avaient prévu de faire croiser le Charles de Gaulle. Le navire amiral de la flotte française avait dû rentrer à Toulon, son port d’attache, précipitamment.

La troisième raison, c’est évidemment le contexte actuel. L’Otan se réinvestit en Arctique non pas en prévision d’une guerre pour l’Arctique, mais parce qu’un conflit majeur ailleurs a toutes les chances de s’exporter en Arctique, en particulier si c’est un conflit en Ukraine.

Le Grand Nord est un terrain de manœuvre exigeant, et c’est encore plus difficile lorsque plusieurs dizaines de milliers de soldats sont engagés…

Le sujet est celui de l’interopérabilité. C’est la maîtrise des enjeux climatiques. Il y a aussi un enjeu majeur qui est la maîtrise de l’espace maritime en surface, et sur lequel les Russes sont en train d’essayer de se repositionner. Évidemment, si un conflit ouvert devait s’exporter en Arctique, il serait tout sauf classique. Ce ne serait pas un conflit terrien comme on le voit en Ukraine, mais un conflit qui mobilise l’ensemble des forces armées, en particulier l’aviation et la marine. De fait, s’entraîner pour avoir la capacité de maîtriser l’ensemble des capacités d’action et de défense est absolument un prérequis pour la protection de l’Arctique…

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