Des relevés de terrain montrent que même en plein hiver, de l’eau de fonte s’échappe du Groenland
Depuis le début des observations par gravimétrie satellitaire, la calotte groenlandaise a perdu environ 4500 milliards de tonnes de glace. Une perte de masse qui tend à s’accélérer et dont la cause première est l’augmentation de la fonte à la surface de l’inlandsis. Cette dernière se concentre essentiellement entre avril et septembre, en phase avec le cycle saisonnier.
L’eau de fonte qui atteint l’océan – donc qui ne regèle pas – peut le faire de deux manières. Soit de façon directe par écoulement surfacique vers les franges littorales. Soit de façon indirecte en empruntant un réseau hydrologique souterrain. Ceci, après s’être frayée un chemin vers l’abîme par des failles, des moulins ou d’autres sortes de voies de passage.
Groenland : un ruissellement sous-estimé en saison froide
Toutefois, l’arrivée de la nuit polaire et du temps glacial qui l’accompagne n’implique pas pour autant une dynamique de drainage qui se fige. En effet, selon de nouveaux travaux, il s’avère qu’une partie de l’eau de fonte formée en été est retenue en hiver sous la calotte. Plus précisément, au niveau de cavités, canaux ou même de sédiments formant le substrat. Or, ces réservoirs sont capables de maintenir un faible écoulement sous-glaciaire à destination de l’océan.
La présente étude a été menée suite aux soupçons faisant état d’une capacité des glaciers groenlandais à stocker l’eau de fonte. Aussi, une équipe de chercheurs s’est rendue sur la marge sud-ouest de l’inlandsis afin d’y faire une série de relevés. L’opération s’est déroulée en février 2015.
Les scientifiques ont ainsi pu constater qu’un ruissellement était parfois présent en profondeur malgré les températures glaciales de l’hiver arctique. Une réalité mise à jour grâce à des mesures radars et à une série de carottages. En outre, les propriétés géochimiques de l’eau prélevée ont révélé qu’elle provenait bien du dessous de la calotte. Ceci après une infiltration depuis la surface jusqu’au substratum et à une accumulation temporaire dans des niches de rétention. À ce titre, on parle de rétention saisonnière – ou inter-annuelle, selon l’inertie du processus…