Des sites archéologiques d’Alaska menacés par le changement climatique
Dans les mois suivants, des centaines d’autres artefacts anciens ont émergé du permafrost, cette couche de sol jadis gelée tout au long de l’année qui recouvre une grande partie de cet Etat américain et qui désormais tend à fondre sous l’effet du changement climatique.
Paniers, manches de harpon sculptés, labrets (ornements de lèvre), statuettes, aiguilles d’ivoire pour les tatouages: ces trésors appartiennent à un ancien lieu de peuplement des Esquimaux yupik et remontent pour certains au XVIIe siècle. Quelque 100.000 objets yupik anciens, la plus grande collection au monde, sont désormais entreposés dans le petit musée créé à Quinhagak.
« C’est de loin la chose la plus extraordinaire que j’aie jamais trouvée en quarante ans de carrière et j’ai travaillé sur des sites plutôt spectaculaires », affirme Rick Knecht, archéologue à l’université d’Aberdeen, en Ecosse.
Il dirige depuis dix ans l’équipe de fouilles qui tente de sauver les reliques du site découvert à cinq kilomètres de Quinhagak et baptisé Nunalleq, c’est-à-dire « vieux village » en langue yupik.
« Presque tout ce qu’on connaît de la préhistoire yupik provient de ce site », explique l’archéologue en faisant visiter les fouilles à une équipe de l’AFP.
« Les gens d’ici auraient perdu un lien tangible avec leur passé, ce qui aurait été une tragédie incroyable », lâche l’affable scientifique à la barbe grise.
« Comme un pot de crème glacée »
Même si M. Knecht se réjouit de cette manne, il est aussi atterré d’imaginer que d’autres gisements d’objets yupiks sont probablement en train de disparaître dans toute l’Alaska.
Car le permafrost qui a protégé ces objets organiques durant des siècles diminue inexorablement. « Vous pouvez voir le sol se liquéfier. C’est comme un pot de crème glacée », se désole le scientifique, en désignant la boue gluante des berges de Quinhagak et les blocs de terre prêts à être engloutis…