Deux femmes du Svalbard observent de près le réchauffement de l’Arctique
Nous sommes environ 2500 à habiter Longyearbyen, la ville la plus au nord du monde dans l’Arctique Norvégien. Notre communauté est unie par une triste réalité. Ici, nous habitons dans l’épicentre du changement climatique. Aucun autre endroit sur Terre ne se réchauffe aussi rapidement. C’est précisément pour cette raison qu’il n’existe pas de meilleur lieu pour prendre le taureau par les cornes. Alors aujourd’hui je voulais vous donner une bonne dose d’inspiration, et vous parler de deux femmes extraordinaires. Ensemble, elles ont décidé de mieux comprendre et combattre le changement climatique à leur échelle.
Deux citoyennes (presque) comme les autres
Hilde, la Norvégienne, habite depuis une trentaine d’années au Svalbard. Un matin de décembre 2015, une avalanche tombe sur la ville. Imaginez, en décembre, il fait nuit 24h/24. Une douzaine de maisons sont soufflées. L’avalanche s’arrête à quelques mètres de chez elle, mais tue deux de ces voisins. C’est l’électrochoc.
La même année, elle rencontre Sunniva, exploratrice polaire, une des premières femmes à rejoindre le pôle sud en ski. Ensemble, elles quittent leur travail dans l’industrie du tourisme et lancent le projet « Hearts in the Ice » . Leur objectif est de faire équipe avec le monde scientifique pour mieux comprendre comment leur environnement change, et créer un véritable dialogue autour des solutions écologiques.
Alors, à 53 et 59 ans, elles se retrouvent sur les bancs de l’école. Elles apprennent des protocoles scientifiques de la NASA, de l’université du Svalbard, ou encore de l’institut norvégien polaire. Elles trouvent aussi un camp de base pour mettre en place leur programme : non pas une station scientifique moderne et confortable, mais une vieille cabane de trappeur du Svalbard des années 30. Elles vont y passer neuf mois en isolation complète.
Deux citoyennes scientifiques en expédition
Leur expédition commence en septembre 2019. Pendant des mois, elles prélèvent des échantillons de phytoplancton dans le fjord, étudient les nuages ou encore, quand la nuit polaire arrive, photographient les aurores boréales pour la NASA. Les conditions rigoureuses et la présence d’ours polaires qui rodent dans le voisinage ne facilitent pas leur travail, mais les aventurières prennent leur mission très à cœur.
Deux fois par mois, elles utilisent leur connexion satellitaire pour échanger avec des scolaires du monde entier. En neuf mois, c’est plus de 100 000 élèves qui auront suivi nos apprenties scientifiques au cœur de l’Arctique et compris l’importance de cette région. Alors que leur mission touche à sa fin au printemps 2020, la pandémie du Covid-19 change la face du monde. Comme beaucoup de pays, la Norvège décide de fermer ses frontières. Les nombreux programmes scientifiques du Svalbard sont mis en pause… Les deux femmes décident de rester dans leur cabane pour ne pas interrompre la collecte de données. Comme le dit Hilde : « le changement climatique ne fait pas de pause. Alors, nous non plus ». Leur hivernage de 9 mois se transforme en une épopée de 19 mois…
Lire la suite de l’intervention d’Heïdi Sevestre du 14/09/2023 et écouter le podcast (durée 4 min) sur France Culture (groupe Radio France)