Du méthane s’échappe au fond des océans : y a-t-il danger ?
Les mesures envisageables contre le réchauffement climatiques ne sont toujours pas suffisantes et le temps presse. Quoi qu’il arrive, il faudra payer les conséquences de l’évolution déjà amorcée et les perspectives, sans être tragiques, ne sont déjà pas réjouissantes. Cela pourrait malheureusement s’aggraver si l’humanité en venait à déstabiliser les réserves d’hydrates de méthane naturelles qui cachent sous l’eau et dans le pergélisol des régions arctiques.
Depuis des décennies, les géologues et les océanographes connaissent en effet l’existence en bordure des continents de gigantesques zones où s’accumulent ces hydrates de méthane, ou clathrates. Il s’agit de glace contenant des quantités non négligeables de méthane. Or il s’agit d’un puissant gaz à effet de serre : un seul kilogramme de CH4 équivaut à 25 kilogrammes de CO2 dans l’atmosphère. Malheureusement, si le méthane piégé dans les clathrates est stable dans des conditions de température et de pression données, il suffit que les océans se réchauffent un peu pour qu’il se libère. On comprend aisément, vu le pouvoir d’amplification de l’effet de serre du méthane, que le processus pourrait s’emballer avec libération de plus en plus massive de ce gaz, au fur et à mesure que la température de la planète augmenterait. Les prédictions les plus pessimistes du GIEC pourraient donc devenir réalité et même être dépassées ou, pire, survenir beaucoup plus tôt.
Un mécanisme régulateur des émissions de méthane océanique ?
L’inquiétude est d’autant plus légitime que, depuis quelque temps déjà, des suintements de méthane ont été détectés en Arctique et ailleurs. Toutefois, plusieurs incertitudes sont à prendre en compte à ce sujet. Ces suintements pourraient se produire naturellement depuis longtemps, auquel cas ils n’indiqueraient pas l’imminence d’un problème grave. Surtout, il est possible qu’une bonne partie de ce méthane se dissolve dans l’eau de mer et ne rentre donc pas massivement dans l’atmosphère. Il n’en reste pas moins qu’une évaluation et une surveillance du phénomène est nécessaire pour mieux en comprendre les implications sur le climat de notre planète à court terme.
C’est dans ce cadre qu’il faut inscrire les travaux d’une équipe de chercheurs états-uniens qui viennent d’être publiés dans la revue Science Advances. Ils ont effectué une campagne de recherche sur le talus continental au nord de l’Alaska, sur le flanc nord de la chaîne Brooks. Là se trouvent des réserves de clathrates semblant particulièrement susceptibles d’être déstabilisées car la région connaît un réchauffement parmi les plus importants…