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ISSN : 2755-3755

En Alaska, des linguistes préservent un dialecte russe

Publié le 27.02.2018 - Article du 04/01/2018 sur ShareAmerica
La petite ville de Ninilchik n’a a priori rien de spécial. Situé dans le comté de la péninsule de Kenai, en Alaska, à environ 300 km d’Anchorage, ce bourg endormi sert d’escale aux touristes qui viennent y faire le plein d’essence avant de reprendre la Sterling Highway vers le sud. Mais son caractère sans prétention cache une histoire culturelle fascinante, relayée par beaucoup de ses habitants. À Ninilchik, un petit groupe de personnes âgées préservent un dialecte russe, quasiment figé dans le temps depuis 1847, date à laquelle le village a été fondé sous l’empire russe. Un grand nombre de ces hommes et de ces femmes sont d’origine russe-alaskienne, descendants des premiers colons de Ninilchik, et parlent une forme de russe qui remonte à l’époque d’Alexandre II, bien avant que l’Alaska ne devienne le 49e État des États-Unis

Le dialecte de Ninilchik est une fusion unique de russe moderne et archaïque, dont le vocabulaire comprend des mots qui étaient d’usage courant il y a 150 ans. Au fur et à mesure que les générations passent et que Ninilchik s’assimile au monde moderne, les vestiges du mode de vie russe caractéristique de la ville, y compris sa langue, s’estompent.

Ce problème ne se limite pas à Ninilchik. Selon un rapport du livre rouge des langues en danger de l’UNESCO, près de la moitié des 7 000 langues du monde entier courent le risque de disparaître, dont plus de 130 langues en Russie. Aux États-Unis, les chercheurs estiment que seule la moitié des 300 langues amérindiennes sont encore parlées et que seulement 20 d’entre elles continueront d’exister en 2050, soit une perte de 93 %.

Face à cette perspective et pour empêcher ces langues de disparaître complètement, des gouvernements, des organisations et des citoyens ordinaires partout dans le monde ont recours à la technologie moderne pour sortir ces langues de l’oubli. Google a récemment mis en route l’Endangered Languages Project, un site sur lequel des groupes et des particuliers peuvent partager leurs recherches et collaborer à la protection des langues vulnérables…