En fondant, l’Arctique active les tropiques
L’Atlantique Nord, berceau de la circulation marine
Plusieurs connaissent le Gulf Stream, ce courant chaud qui prend naissance dans le golfe du Mexique pour ensuite se diriger vers l’Angleterre. On lui attribue les hivers peu rigoureux que vivent les Européens par rapport à ceux que subissent les Nord-Américains. Cependant, peu de gens savent que l’arrivée du Gulf Stream près des côtes occidentales de l’Europe constitue le point de départ des grands courants qui sillonnent la planète. Lorsque ce courant se retrouve entre la Scandinavie et le Groenland, il côtoie alors les eaux froides de l’Arctique et se refroidit, sans compter qu’une portion de cette eau gèle.
L’eau sous forme de glace n’a pas la capacité de contenir du sel. En passant au stade de glace, cette eau rejette le sel qu’elle contenait. On se retrouve donc en présence d’une eau froide (la portion qui n’a pas gelé) qui contient plus de sel que les eaux avoisinantes. Comme c’est le cas dans l’atmosphère où l’air chaud monte et l’air froid descend, c’est la même chose avec l’eau, la chaude reste à la surface et la froide coule vers le fond. De plus, cette eau contient beaucoup plus de sel et est donc plus dense. Son mouvement vers le fond en est d’autant favorisé.
Cette eau, maintenant froide et très salée va, alors, longer la dorsale atlantique jusqu’au sud des Amériques avant de glisser vers l’océan Pacifique, où elle se réchauffera et remontera plus près de la surface avant de continuer sa course vers son point de départ. C’est ce mécanisme, appelé circulation thermohaline, qui prend naissance entre la Scandinavie et le Groenland qui est à l’origine des courants principaux dans les océans puisque cette circulation est due aux différences de températures et de salinité des eaux du globe.
La fonte de l’Arctique va brouiller les cartes
Peter Wadhams est directeur du département de physique de l’océan polaire à l’université de Cambridge. Il remarque, depuis quelques années, que la circulation s’est modifiée dans l’Arctique depuis les premières observations du ralentissement du courant-jet polaire dans les années 90. Il souligne également que ce ralentissement est maintenant devenu la norme depuis 2005 et qu’il est directement lié au réchauffement de l’Arctique. Ce réchauffement est responsable de la disparition de la vieille glace au profit d’une glace plus jeune et moins épaisse.
La disparition de la glace en Arctique fait en sorte que les rayons du soleil ne sont plus réfléchis vers l’espace, mais plutôt absorbés par l’océan. M. Wadham confirme avoir mesuré une température de l’eau, par endroits, à 11 °C en été. Les secteurs les moins profonds, comme le bord des côtes, vont donc perdre leur pergélisol et, ainsi, libérer de très grandes quantités de méthane, jusque là emprisonné depuis des milliers d’années…
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