Faut-il s’attendre à un hiver glacial en raison de la présence d’une bulle d’air froid actuellement en Arctique ?
L’hiver sera-t-il rude après un été indien aux températures particulièrement élevées ? C’est la crainte évoquée le 15 novembre sur Twitter par Mac Lesggy, le présentateur de l’émission « E=M6 ». En cause, écrit l’animateur, la présence d’une « bulle d’air froid arctique (…) beaucoup plus importante que l’année dernière, laissant présager, après une année anormalement chaude sur l’hémisphère nord, un hiver rigoureux ».
Pour étayer ses dires, Mac Lesggy, ingénieur agronome de formation, partage la publication d’un ingénieur en chimie, Heinrich Leopold, présentant des cartes météo illustrant le phénomène. Issus du site de prévisions météorologiques meteociel.fr, ces relevés affichent bien des températures particulièrement basses, de -84 °C autour du pôle Nord, pour le 1er décembre. Une météo « 15% plus froide » que l’année précédente, ce qui est, selon l’ingénieur, un signe précurseur d’un « méga hiver ». Cette « bulle d’air froid » est-elle pour autant vraiment annonciatrice d’un hiver glacial ? Franceinfo fait le point avec plusieurs météorologistes.
Un phénomène météo courant
Interpellé par plusieurs météorologistes, le présentateur d’ « E=M6 » a rapidement retiré sa publication de Twitter. « Gaetan Heymes de Météo France me signale que cette prévision ne repose sur rien, je supprime donc le tweet afférent », écrit le 16 novembre l’animateur.
Si chaque hiver, confirme effectivement Christophe Cassou, climatologue, directeur de recherche au CNRS et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « une masse d’air froid ceinturée par des vents très puissants » se constitue bien au niveau du pôle Nord, le phénomène n’est pas pour autant « anormal ». Il s’agit d’un « vortex polaire », explique-t-il. C’est-à-dire un vaste tourbillon d’air froid qui se forme dans la stratosphère, entre 10 et 50 km d’altitude. Le refroidissement actuellement constaté en Arctique « ne peut être en soi considéré comme le signe précurseur d’un hiver rigoureux », souligne le climatologue. Si, au-dessus de l’Arctique, l’air se refroidit considérablement à partir d’octobre-novembre, « c’est tout simplement parce qu’en hiver, il n’y a pas de soleil aux latitudes polaires », explique Christophe Cassou.
A l’inverse de ce qu’affirme la publication d’Heinrich Leopold, « un vortex plus froid et plus puissant favorise en fait des températures plutôt chaudes en Europe », fait remarquer le climatologue. A pleine puissance, le vortex polaire est lié à un vent d’ouest qui envoie en Europe un air chaud en provenance de l’Atlantique. Des masses d’air océaniques qui apportent de la « douceur » au climat européen, précise Thierry Lefort, prévisionniste à Météo France. Au contraire, quand « le vortex faiblit et que l’air stratosphérique se réchauffe, l’air froid contenu habituellement dans les zones polaires peut se déplacer vers l’Europe et éventuellement être à l’origine de vagues de froid », complète Christophe Cassou…
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